Médiation du FFKM – Participation obligatoire de Ravalomanana
Le président en exercice du FFKM, Monseigneur Odon Razanakolona, est bien conscient de la nécessité de participation de Marc Ravalomanana aux pourparlers entre les trois anciens chefs d’Etat et le Président de la Transition. Il l’a encore réaffirmé hier tout en indiquant que la réunion organisée sous l’égide du Conseil œcuménique ne pourra se tenir qu’à Madagascar. Pour cause, le projet d’amendement de la Feuille de route prévoit une forte implication de l’ancien homme fort du pays et son camp politique dans la gestion de la nouvelle transition, donc de l’avènement de la prochaine République.
D’abord, Marc Ravalomanana, au même titre que Didier Ratsiraka, Andry Rajoelina et Zafy Albert, aura le statut de chef d’Etat. Si le projet est adopté, il sera notamment en charge du « développement de la coopération internationale et de la réforme du tissu et des acteurs économiques ». Le « draft » précise qu’« en ces qualités, ils (les quatre Présidents, ndlr) exerceront les fonctions de chef de l’Etat dans leur domaine d’intervention spécifique et spécialisée. Toutes décisions seront collégiales ». A ce titre, si le processus de sortie de crise adopte les amendements à la Feuille de route de 2011, la présence à Madagascar de Marc Ravalomanana est obligatoire. Il ne pourrait pas gérer le pays tout en restant en exil à l’extérieur.
Selon encore un document qui serait à la base des discussions lors de ce « sommet à huit », l’approche mouvance fait son retour. « L’approche mouvance sera dorénavant la clé de voute de la gouvernance de la transition. « Aussi, les mouvances Zafy Albert, Ratsiraka Didier Ignace, Ravalomanana Marc et Rajoelina Nirina Andry sont invitées à présenter une liste de personnalités parmi lesquelles le Premier ministre, dans la formation duquel l’allocation juste et équitable des portefeuilles respectera les critères de représentation de genre et d’équilibre régional », précise le projet. De ce principe découle alors une nouvelle clé de réparation des ministères entre les quatre mouvances.
Mise à l’écart
Exit donc l’approche entités qui a été à l’origine de la Feuille de route de 2011. La résolution de crise ne tiendra alors plus compte de la multiplication des entités politiques qui, il est vrai, a beaucoup complexifié la situation politique dans le pays et par la même occasion rendu difficile la mise en œuvre du processus de sortie de crise. Il n’en demeure pas moins que la mise à l’écart programmée des autres groupements politiques provoquera de nouvelles tensions. Les événements au sein des deux chambres parlementaires lors du limogeage de quelques-uns de leurs membres le prouvent clairement.
Vu sous ces angles, le projet d’amendement de la Feuille de route de 2011 pourrait ne pas être une amélioration car il pourrait être également source de tensions. En écartant d’autres formations politiques et en rendant obligatoire la présence de Marc Ravalomanana au pays, il pourrait rendre illusoire l’apaisement sociopolitique.