Engagement environnemental des communautés malagasy – Reconnu à l’international
1 461 candidatures de 126 pays ont été reçues en 2015 pour le Prix Equateur. Et seule une vingtaine de communautés a été primée dont l’Union Soamitambatra de Madagascar. Pour rappel, six communautés malagasy ont été sélectionnées parmi les lauréats de ce Prix Equateur depuis son lancement en 2002.
Le Prix Equateur est une initiative engageant – soutenue par l’Organisation des Nations Unies à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la fondation des Nations Unies, les gouvernements, la société civile, les entreprises et les organisations de base – pour reconnaître le succès des initiatives locales et autochtones afin de promouvoir des solutions locales de développement durable.
Au côté de la communauté autochtone brésilienne ayant inspiré le film Avatar, de la communauté indonésienne qui s’est investi e à sauver des tortues de mer de sa contrée, du mouvement pour les droits des Pygmées en République démocratique du Congo (RDC), des communautés de Belize, de Bolivie, du Cambodge, de Chine, de Colombie, de l’Ethiopie et du Kenya, du Honduras, de la Malaisie, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de Tanzanie, de l’Ouganda et des groupes d’Afghanistan, de Guyana et d’Iran, l’Union Soamitambatra de Madagascar est montée sur le podium, lors de la remise du Prix Equateur 2015 à New York en septembre 2015.
L’efficacité et l’efficience des actions menées par l’Union Soamitambatra pour gérer la forêt Badika et ses lacs environnants, située du côté de Miandrivazo dans le Menabe, sur la base de l’opérationnalisation d’un système traditionnel fondé sur la gouvernance locale soucieuse du « fihavanana » (union et solidarité) à travers le fokonolona (communauté locale) et la communauté des contrats sociaux appelés « dina », ont été reconnues comme pouvant enrichir les connaissances et les solutions environnementales.
« Les réalisations des lauréats du Prix Equateur nous disent quelque chose de fondamental : des solutions pas chères, innovantes et des actions locales permettant de combattre le changement climatique et réaliser le développement durable », a déclaré Helen Clark, administratrice du PNUD lors de la remise de prix aux lauréats à New York.
L’Union Soamitambatra a également répondu présent au rendez-vous de la COP 21 à Paris en décembre dernier. Une soirée pour honorer les peuples autochtones et leurs réalisations communautaires, et ce pour construire un mouvement inclusif pour le climat et des solutions de développement, y a été organisée. Une occasion pour le représentant de l’Union d’enrichir davantage les expériences communautaires pour protéger et valoriser les ressources environnementales. « C’était lors de ces échanges avec les communautés qu’il nous est venu l’idée de créer un grand râteau pour enlever les jacinthes d’eau de nos lacs. Au lieu de jeter ces plantes, nous les travaillons et l’utilisons comme matière pour faire des paniers », confie Rafanomezantsoa, président de l’Union.
L’Union Soamitambatra travaille avec 6 589 personnes de dix villages. Avec une meilleure gestion communautaire de la forêt Badika et des lacs, les revenus des communautés en matière de vente de poissons et d’autres produits ont atteint quatre fois le salaire minimum pour le pays. La fréquentation à l’école primaire est passée de 30 à 90 pour cent. Par ailleurs, les agriculteurs ont fait la transition à une variété de semences à cycle court comme le riz, le maïs et les arachides pour diversifier leurs activités agricoles. Les frayères pour les poissons ont été protégées, des normes de durabilité promues pour garantir l’abondance des poissons et le volume des prises. En tout, près de 15 000 hectares de forêts et 65 hectares de lacs sont gérés intégrant la gestion des ressources naturelles avec la durabilité économique et sociale. Cette prise en compte des enjeux du développement durable a permis à l’Union Soamitambatra de mieux négocier avec une industrie du tabac en place afin de limiter la déforestation.
Proactivité des membres
« Nous sommes satisfaits de l’accompagnement que nous avons apporté à l’Union Soamitambatra et de la proactivité des membres à trouver des solutions innovantes et pratiques alliant protection de l’environnement et amélioration de revenus. C’est une reconnaissance des efforts des communautés malagasy conscientes du lien étroit entre l’environnement et leur subsistance et qui s’y investissent » , déclare Yda Razanamahery, officier en charge du Programme de petites subventions du Fonds Mondial de l’environnement et du PNUD.
Une cérémonie nationale de remise du Prix Equateur sera prochainement organisée pour honorer l’Union Soamitambatra et les communautés malagasy s’impliquant dans des solutions communautaires. Et ce, pour protéger et valoriser les forêts, les champs, les littoraux, et les voies navigables de la dégradation et de la destruction tout en créant des milliers d’emplois durables pour les communautés. Il sera symboliquement remis à celle-ci le chèque de 10 000USD du Prix Equateur lui permettant d’investir davantage dans la protection de l’environnement dans les communautés et le certificat de mérite.
Prix Equateur
En 2002, la communauté de Manambolo a reçu le Prix Equateur pour ses actions de mise en valeur d’une vallée de 7 500 hectares sur le corridor forestier liant Andringitra et le Parc national de Ranomafana. En 2006, les mérites des initiatives pour la gestion durable de la pêche, notamment de la pêche aux pieuvres à Andavadaoka, ont été reconnus par le Prix Equateur. En 2010, l’association Adidy Maitso a été primée pour ses réalisations dans la protection de la forêt de Didy, située dans le corridor Ankeniheny Zahamena. En 2012, l’Association Anja Miray de la communauté d’Anja à Ambalavao comptait parmi les lauréats avec la mise en place d’une réserve forestière de 30 hectares dans la Région Haute Matsiatra. L’an dernier, c’était la Plateforme de Concertation pour le Développement de la Baie d’Antongil qui a reçu des mains de Mme Helen Clark son Prix Equateur lorsque l’administratrice du PNUD était en visite à Madagascar.
Le rôle vital des groupes autochtones et des communautés locales pour aider le monde à atteindre les objectifs climatiques collectifs figure parmi les points clés de l’Accord de Paris adopté lors de la 21ème Conférence des parties sur le changement climatique. L’engagement concret pour cet Accord est attendu avec sa signature et sa ratification par les pays membres.
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