Un vrai faux miracle
Que de fois n’a-t-on utilisé l’expression « obligation de résultats » sans que les résultats n’aient honoré le rendez-vous lors de la conclusion, sans davantage que des mesures n’aient sanctionné l’échec. De déception en déception l’opinion elle-même a fini par apprendre à digérer les déconvenues sans faire de vagues plus que ça. Que de négatifs auxquels la population a dû se résigner, elle en est vaccinée et c’est la réussite que l’on peut accorder à cette période de crise, elle a perdu foi et ne croit plus en des mouvements de foules. La population n’en reste pas moins composée d’êtres humains qui sont condamnés à vivre, et à vivre même dans de pires conditions l’espoir ne cesse de renaitre comme des cendres des déceptions précédentes. De façon générale l’être est incorrigible de l’espoir. Entretenir la population dans des conditions de pauvreté et posséder l’art de renouveler l’espoir malgré une réalité qui n’apporte à cette population que contrariétés et difficultés relèvent d’une savante alchimie. Le système y parvient bien. Et voici encore au rendez-vous une lueur d’espoir que fait naître cette initiative du FFKM qu’une partie des faiseurs d’opinion vouait pourtant aux gémonies. C’est vrai que la réussite de cette entreprise relèverait d’un miracle, c’est qu’il faut une bonne dose d’espoir pour croire en la possibilité d’un miracle. N’a-t-on pas mesuré la valeur que porte en elle cette volonté de réconciliation pour promener sans complexe comme un étendard cette réconciliation ? Il s’agit presque d’un défi de l’impossible : concilier les inconciliables. C’est une gageure dans laquelle le FFKM ne s’est engagé qu’après une traversée de désert en y invitant tous et chacun à battre sa coulpe et à faire pénitence. C’eut été là le premier miracle, de réussir à ce que chacun reconnaisse ses propres péchés, de la part des gens habitués sûrement dans leur suffisance lorsqu’ils prient et parlent à Dieu de remercier celui-ci de les avoir faits tels qu’ils sont pour être des élus sur terre. S’ils éprouvent des appréhensions c’est justement à propos des élections, ils redoutent que la lumière divine n’éclaire pas suffisamment l’esprit du peuple et qu’il y ait un décalage entre la vox populi et la vox Dei. Là on s’achemine peut-être vers la sagesse, puisque l’on dit que la crainte de Dieu c’est le début de la sagesse. La population a fait sienne cette leçon et que de fois n’entend-on dire contre ce que l’on croit être des abus ou excès, « ils n’ont plus la crainte de Dieu », (efa tsy matahotra an’Andriamanitra intsony). La sagesse invite ainsi à se réconcilier le peuple et dans la foulée Dieu, et pour faire bonne mesure se ménager les bonnes grâces de ceux qui sont sur terre les premiers serviteurs de Dieu, le FFKM. CQFD. Le miracle ne serait pas si miraculeux, il procèderait d’une prise de conscience qui oblige non tant à se mettre en accord avec Dieu, ni tant avec un sentiment de patriotisme, mais en raison d’une nécessité de petit calcul qui veut que pour se ménager un maximum de chance on se mette en concordance avec une population qui accorde importance aux apparences dévotes. Le FFKM est en ce sens incontournable, et lorsque celui-ci prend en compte les intérêts du pays il parvient à imposer la parole quant à l’obligation de passer par le chas d’une aiguille, image d’une parabole que le langage prosaïque décline en parlant de couleuvre à avaler. Le « miracle » ne proviendrait plus d’une intervention du « Saint-Esprit » ça ne serait que les résultats inspirés de « saint petit calcul ».
Léon Razafitrimo