L’Egypte tousse et c’est la communauté internationale qui se sent à l’étroit dans ses souliers. Tiens, on hésite même à trouver le qualificatif adéquat pour désigner ce qui s’est produit en cette soirée du 04 Juin 2013. Un coup d’Etat ? Pas tout à fait dit-on, puisque ce ne sont pas les forces armées qui ont eu l’initiative, elles n’ont fait que pousser à la roue et contribuer à conclure un mouvement populaire. Certes mais c’est quand-même un mouvement qui a dégommé un président qui a été élu selon les règles un an tout juste auparavant. Les puissances étrangères ont évidemment exprimé leurs préoccupations suite à ces événements. Entre dire des préoccupations et émettre de condamnations il existe toutefois des nuances. Et puis il n’y a pas que les pronunciamientos à être des coups d’Etat, il existe bien des coups d’Etat de palais, et puis tous ces coups d’Etat de la rue.
Qu’importe du reste la qualification que l’on y mette, il apparaît que les concepts évoluent et des phrases prononcées à cette occasion il y en a  beaucoup on en retient certaines qui ne sont pas seulement de bons mots. Le général égyptien qui a parlé au nom des forces armées et qui est devenu une icône pour la population cairote en exprimant la volonté de rester en dehors du pouvoir, a précisé que le peuple a demandé aux forces armées de l’aider et non de prendre le pouvoir. Dans nombreux pays africains les populations ont tourné les yeux vers leur palais présidentiel respectif comme pour interroger les occupants et si l’on en faisait autant ? A l’évidence la formule a exercé un grand charme, un réel charme auprès de l’opinion publique et la grande préoccupation vient surtout de là : « et si ça devait devenir un schéma classique ? C’est que ça risque sérieusement de le devenir. Pour s’en soucier la réflexion d’une femme sénégalaise qui a félicité et applaudi la population égyptienne en lui donnant la légitimité de la démocratie. A l’objection qu’on lui a faite, mais la démocratie a ses règles, elle a rétorqué, c’est qu’il est grand temps de les dépoussiérer, pourquoi ne pas attendre les échéances a poursuivi son interlocuteur. Mais pourquoi attendre quand une majorité se rend compte que ça ne fonctionne pas, attendre quatre ans en l’espèce ne sert qu’à accumuler du retard, et pour quel profit, ou pire au profit de quelle minorité ? 
Une démarche intellectuelle très primaire, de l’avis des bien-pensants. Seulement la grande majorité des populations dans les pays non-développés raisonnent à ce niveau. Et si la démocratie adaptait plutôt ses règles au niveau du plus grand nombre, ne parviendrait-on pas plus facilement à vivre cette démocratie en accord avec l’authenticité de la population. La démocratie reste le système à propos duquel le plus grand nombre n’a pas son mot à dire, elle répond à un standard qui fait loi.

Léon Razafitrimo