La Grande-Bretagne ainsi que les pays anglo-saxons, en général, sont réputés être des pays très conservateurs et jaloux de leurs traditions. Preuve en est le maintien du Livre sterling en tant qu’unité monétaire officielle du Royaume-Uni, des dépendances de la Couronne ainsi que des territoires d’outre-mer britannique. Et ce, malgré l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union Européenne, même si le passage à l’euro n’est pas obligatoire. Ou encore la place accordée à la famille royale et à la reine d’Angleterre ainsi que des souverains qui la succèderont. Les Etats-Unis d’Amérique étaient au départ, rappelons- le, une colonie britannique avant de s’émanciper en commençant par le Boston Tea Party. Une des grandes étapes sinon la première dans la révolution américaine et la guerre d’indépendance américaine. Il n’est donc guère étonnant si cet héritage conservateur se retrouve également au pays de l’oncle Sam. C’est d’ailleurs le cas car même le système politique semble être le même à quelques différences près.

En parlant de politique, les primaires viennent de s’achever aux Etats-Unis en intronisant deux candidats très controversés. Donald Trump sera le représentant des républicains aux dépens de Ted Cruz et de John Kasich à la présidence des Etats-Unis. Pourtant, ce dernier a été critiqué de toutes parts  de par ses déclarations à la limite de l’acceptable en conjuguant racisme et provocation tout en lançant des piques à ses adversaires. Des propos allant jusqu’à choquer les propres membres de son parti. Une vingtaine d’élus républicains ont dénoncé « un racisme de base », selon les mots du président de la Chambre des représentants. Dernièrement, il avait déclaré,  « Les Clinton ont fait de la politique, de l’enrichissement personnel, un art à leur profit. Ils ont gagné des centaines de millions de dollars en vendant des accès privilégiés, des faveurs, des contrats gouvernementaux (…) Ce pays est ruiné, nos infrastructures sont un désastre, nos écoles ont échoué, les crimes sont en augmentation, les gens ont peur. La dernière chose dont nous ayons besoin, c’est Hillary Clinton à la Maison Blanche, comme un prolongement du désastre Obama. » Des propos indigne d’un potentiel futur président des Etats-Unis d’Amérique. Du côté des démocrates,  Hillary Clinton sera comme prévue dans les starting-blocks pour la course à la Maison blanche après sa courte victoire sur Bernie Sanders. L’ex-première dame a elle aussi connu des hauts et des bas durant cette campagne. Avec des scandales d’e-mails non sécurisés ou encore le rejet des américains des « dinosaures politiques » que sont les Clinton. Quoi qu’il en soit, ces deux fortes personnalités se bagarreront jusqu’à s’étriper  pour succéder à Obama, le premier président noir des Etats-Unis depuis  1776. Un bout de temps quand même s’est écoulé avant qu’un afro-américain se retrouve à la tête de la première puissance mondiale. Déjà à cette époque l’étonnement se mêlait  indéniablement avec la curiosité et l’excitation. Et pour cette fois-ci encore, ce sera le cas car soit ce sera la première femme présidente des Etats-Unis d’Amérique après le premier afro-américain, soit ce sera juste un dictateur potentiel qui sera à la tête du pays de Dame Liberté. Pour parler de révolution, selon Hamit Bozarslan et Gaëlle Demelemestre, il faut absolument se référer d’abord aux deux grandes révolutions qui ont donné naissance à la démocratie actuelle.  « La société démocratique vient au jour suite à deux épisodes révolutionnaires majeurs, celui du peuple américain secouant le joug de la tutelle anglaise et celui du peuple français renversant une institution politique quasi millénaire. Notre monde ne serait pas aujourd’hui ce qu’il est sans ces deux événements majeurs de notre histoire », écrivent-ils. Deux révolutions qui ont marqué l’histoire, et cette fois-ci encore, nous assisterons à une belle révolution à la façon américaine.

La question maintenant, c’est quand viendra notre tour ? Ce jour où on marquera à jamais l’histoire de la démocratie et où on rejoindra ces pays qui ont osé s’émanciper. Ce jour sera aussi un jour glorieux pour Madagascar, peut-être même plus que le jour où soit une femme soit un maniaque accèdera à la tête des USA. Le jour où nous aussi on osera se débarrasser de ces « dinosaures politiques » qui ont fait de l’Etat une source infinie de richesse et un patrimoine familial qu’on transmet de génération en génération. Croyez-le ou non, ce jour sera plus mémorable que le 16 décembre 1773, jour où les Fils de la liberté ont jeté exactement 342 caisses de thé par-dessus bord à Boston. Pour l’instant, nous devrons nous contenter de regarder le pays se faire lapider sans sourciller. Nos fils de la liberté ne seraient-ils pas encore nés ? De plus, un avantage que nous avons sur l’Amérique, nous sommes loin d’être conservateur. Et quand le changement viendra, quand la révolution sera en marche, ce ne sera pas une révolution de conservateur. Nous ne ferons pas du neuf avec du vieux. Le pays dispose assez de matières premières pour faire autrement.

Ny Aina Rahaga