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Samedi 10 Mai 2025

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Crabe de mangrove – La durabilité de la pêcherie mise en cause

La pêcherie du crabe de mangrove à Madagascar est une activité exclusivement traditionnelle, pratiquée par des pêcheurs à pied ou en pirogue utilisant de très simples techniques et engins de pêche, comme la ligne et le crochet (tige rigide assortie d’un hameçon). Ceci est principalement dû au fait que les forêts de mangroves, l’habitat naturel du crabe Scylla serrata, sont souvent des zones isolées et difficiles d’accès.

La forte demande pour cette variété de crabes sur le marché international a cependant conduit cette filière traditionnelle à se tourner vers l’exportation. Ce qui a mené au développement de circuits de collecte complexes et à l’accroissement constant de la production.

 

Les chiffres officiels –probablement sous-estimés– montrent qu’entre 1985 et 2010, les captures de crabes sont passées de 500 t à 2 000 t. Elles avoisinent aujourd’hui les 2 500 t annuelles pour l’ensemble du pays. Cette production reste toutefois bien en-dessous du potentiel que représentent les mangroves de Madagascar (325 000 ha, soit 20% des mangroves africaines) dont la productivité annuelle offre un potentiel de pêche estimé à7 500 t de Scylla serrata.

La durabilité de cette pêcherie n’est pourtant pas garantie. En effet, les services de l’Etat peinent à faire respecter la principale réglementation en vigueur dans cette pêcherie à savoir, l’interdiction de capturer et commercialiser des individus mesurant moins de 10 cm de largeur céphalothoracique dont le prélèvement menace le recrutement du stock. Seules les usines de traitement font l’objet de contrôles réguliers, ce qui est loin d’être le cas des opérateurs en amont ou des marchés dans les villages et les villes. Il en résulte que certaines zones de mangroves – les plus faciles d’accès – montrent déjà des signes de surexploitation et que de moins en moins de gros crabes sont commercialisés (prédominance des crabes de taille moyenne, entre 12 et 14 cm).

Circuit de commercialisation

Le circuit de commercialisation consiste en un réseau de mareyeurs et de collecteurs au niveau des villages et districts permettant d’approvisionner à la fois les marchés locaux et les sociétés exportatrices basées dans les villes côtières ou dans la capitale, Antananarivo. Toutefois, la rentabilité de l’exportation des crabes et le faible pouvoir d’achat des malgaches se traduisent par une faible consommation locale, souvent limitée aux individus de petite taille, sans intérêt pour les collecteurs-exportateurs. On estime à 75% la part de la production destinée à l’exportation, en majeure partie vers le marché français (métropole et outre-mer) qui absorbe environ 80% du volume.

Tout au long du circuit de collecte, les crabes doivent être gardés dans des conditions optimales (température, humidité, protection contre le soleil et la pluie, etc.) afin d’être maintenus en vie (ce qui permet de ne pas recourir à la chaîne du froid) et de limiter la prolifération des maladies. Cependant, les faibles investissements réalisés par les collecteurs pour le transport et le stockage des crabes se traduisaient jusqu’à présent par des pertes estimées en moyenne à 22% des captures totales, allant jusqu’à 50% en période de fortes pluies. Les principales causes de pertes post-capture sont la compression, l’étouffement, la déshydratation, l’inanition et la contamination bactérienne provenant des crabes déjà morts. Dans la plupart des cas, les pertes sont dues au manque de précautions adéquates de la part des collecteurs, mais considérées par ces derniers comme un élément affectant inévitablement leur activité.

La faible valeur ajoutée est également un obstacle majeur à la réalisation du potentiel économique de cette pêcherie. En effet, les exportations de Scylla serrata sont composées à 93% (en volume) de morceaux congelés, alors qu’une demande croissante existe – notamment en Asie – pour les crabes vivants de grande taille (dont le prix de vente au kilo est en moyenne deux fois plus élevé). La mortalité des crabes, l’irrégularité des livraisons en provenance des villages, la petite taille des individus et le coût du fret sont autant de défis que la filière doit relever si elle souhaite se tourner vers ce produit de haute valeur commerciale, et ainsi assurer des revenus accrus tout aulong de la chaîne de valeur.

Smartfish

Le Programme SmartFish s’est engagé à suivre certaines des recommandations issues de l’étude de filière réalisée en 2012 par le projet. Tout au long de ces dernières années, sous ses composantes «Commerce » et « Sécurité Alimentaire » (FAO), SmartFish a mis en œuvre une série d’interventions pilotes destinées à améliorerl’efficacité de la chaîne de valeur dans l’industrie du crabe de mangrove à Madagascar.

L’étude de filière a mis en évidence l’efficacité limitée de cette chaîne de valeur en raison du taux de mortalité élevé des crabes et a identifié les stades critiques de la chaîne où cela se produisait : aux points de stockage dans les villages et durant le transport. Une évaluation plus poussée des pertes post-capture menée en 2013 en utilisant la technologie mobile développée par SmartFish (basée sur les téléphones portables)  a apporté la confirmation que les pratiques de manutention inappropriées et l’équipement inadéquat sont les principales causes de la mortalité du crabe de mangrove tout au long des circuits de collecte.

Les résultats de cette analyse permirent d’établir des niveaux de référence à partir desquels les parties prenantes (fonctionnaires de l’administration des pêches et opérateurs privés) fixaient un objectif d’amélioration : une réduction des pertes d’un tiers. Cet engagement fut la base des interventions du Programme SmartFish qui ciblaient les régions côtières de l’Ouest et du Nord de Madagascar. Ces interventions consistaient en une combinaison  d’activités de sensibilisation et de formations de terrain dispensées aux pêcheurs de crabes, collecteurs et autres opérateurs afin de promouvoir l’utilisation d’équipements performants et simples pour le stockage et le transport des crabes. Ces activités étaient conduites dans 33 villages à travers quatre régions et inclurent la construction de cages fixes, de viviers en zone d’estran et d’entrepôts de stockage dans les villages en utilisant des matériaux locaux. Les charrettes et pirogues de transport furent également améliorées en y installant des étagères de rangement et des caisses plutôt que de fragiles paniers afin d’éviter l’écrasement des crabes. Des activités de sensibilisation ont été également conduites au sujet de l’utilisationde l’eau et de la boue.

Par la suite, SmartFish s’est attelé à promouvoir l’utilisation d’un engin de pêche innovant et peu coûteux, appelé localement la « balance à crabe». Cet engin dormant, qui ressemble à un petit carrelet circulaire, permet de pêcher le crabe à des profondeurs plus importantes et offre une alternative viable au traditionnel « crochet », responsable de dommages physiques aux crabes ainsi qu’aux palétuviers, augmentant ainsi le risque de mortalité et favorisant la destruction de l’habitat.

Projet pilote d’aquaculture communautaire du crabe

Parallèlement à ces efforts, certaines zones ont été sélectionnées pour initier un projet pilote d’aquaculture communautaire visant à tester sur le terrain la faisabilité du grossissement de crabes. Cette technique consiste à placer des individus de calibre moyen (faisant au minimum la taille réglementaire) en enclos immergeable pour les y nourrir de façon à leur faire atteindre en quelques semaines une taille intéressante pour les exportateurs de crabes vivants, garantissant ainsi aux éleveurs un revenu accru lors du passage des collecteurs. Cette technique, parfaitement maîtrisée en Asie du Sud-est, n’en est qu’au stade expérimental dans la région de l’océan Indien occidental. SmartFish et l’ARDA (Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture) ont organisé un atelier régional pour faire le bilan des tentatives précédentes et poser les bases d’une collaboration à Madagascar. Le projet pilote est développé en partenariat avec des ONG locales actives dans le domaine de l’aquaculture communautaire (Trans-Mad’ Développement et Blue Ventures) et avec le concours d’une société de collecte(COPEFRITO) et de l’ARDA.

Recueillis par FR

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