Twins’ Gallery – Deux sœurs décident d’unir leur talent pour l’amour de l’art
Amour, talents et quelques conseils des parents, tels sont les ingrédients secrets de la réussite de deux artistes, sœurs et collègues en même temps : Hantanirina Oliva et Nivomboahangy Rajoharisaona. Elles sont les propriétaires de la galérie d’art virtuel dénommée « Twins’ Gallery ». De passage dans la Grande île la semaine dernière, nous avons rencontré Oliva pour une interview.
Madagascar Matin (MM) : Pouvez-vous décrire en quelques mots Twins’ Gallery
Oliva : En réalité Twins’ Gallery est un lieu d’exposition virtuel qui n’a pas encore son emplacement exact. On a dû faire ce choix car je n’habite pas la Grande île et s’occuper de la galerie m’est impossible. Par contre, ma sœur habite ici, un personnage très connu en matière de décoration et de mode comme dans la tapisserie et la broderie, étant donné qu’elle a baigné dans le monde de l’art depuis bien longtemps. De mon côté, j’ai plusieurs casquettes à mon actif notamment de peintre où je porte le nom d’Oliva ainsi que d’écrivaine francophone où j’utilise le pseudonyme d’Anse Etoile. Il est à noter que les produits que nous exposons et vendons dans notre galerie sont vraiment spéciale puisque nous avons combiné nos talents, c’est-à-dire en art plastique, en décoration et en coupe et couture pour créer un modèle unique. Choses qui nous différencient des autres artistes. L’inspiration vient souvent après un bref brainstorming que nous faisons tous les deux. Puis, nous nous mettons à la réalisation de l’œuvre : je réalise, par exemple, un tableau avec une jeune fille dessus, bien coloré et peint avec de la peinture à l’huile et ma sœur s’occupe de l’habiller avec une miniature de vêtement, conçu spécialement pour le modèle.
MM : D’où venait l’idée de la création de la galerie ?
Oliva : Nous avons grandi dans une famille d’artistes, notre mère était styliste tandis que notre père était un peintre amateur. On a commencé avec très peu puisqu’on n’avait même pas eu besoin d’apprendre mais juste en regardant ce que faisaient nos parents, on apprenait bien plus de choses. Ma sœur a cousu les vêtements de ses poupées et moi je suis tombée dans la peinture à l’âge de 9 ans. Depuis, on n’a jamais cessé de forger notre capacité en essayant de créer et de réaliser des œuvres pour notre propre plaisir. Finalement, nos goûts pour la mode, pour la décoration et pour la peinture se ressemblent beaucoup, d’où l’idée de les mélanger pour en créer une œuvre d’art.
Auparavant, la marque Twins’ s’est spécialisé dans la mode pour enfants. En 1997, on participait déjà à la fameuse exposition « Manja », un grand salon organisé au Hilton où on étalait nos spécialités comme des nappes de tables, sacs de couchages, vêtements pour mômes et bien d’autres encore. Mais étant donné que je suis partie vivre en Maurice, on ne pouvait plus continuer. C’est donc en décembre 2014 qu’on a décidé de créer la galerie qui se spécialise actuellement dans la décoration intérieure. On a même déjà participé à 5 expositions depuis notre création.
MM : Une galerie d’art virtuel est-elle bénéfique ?
Oliva : Effectivement, une galerie d’art virtuel est beaucoup plus bénéfique visible qu’un lieu d’exposition physique non seulement le monde entier peut visiter et voir sans problème vos œuvres mais vos contacts peuvent également commander sans inconvenant vos produits grâce aux messages privés. De nos jours, gérer une galerie d’art est vraiment difficile surtout sur le plan financier puisqu’il faut payer le loyer et autres, pourtant les visiteurs sont très limités à cause du lieu par exemple. Pour Twins’ Gallery, nous utilisons des pages facebook où nous y publions les photos de nos tableaux. Nous avons plusieurs réseaux professionnels avec qui nous pouvons parler d’affaires, des anciens collègues de travail ou tout simplement des passionnés qui nous suivent sur ce réseau social.
MM : En tant que professionnelle, pourriez-vous donner quelques conseils pour les pratiquants ?
Oliva : Je pense qu’un artiste, surtout un peintre ne devra tout simplement pas se dépendre de sa personnalité ou de son inspiration puisque ce dernier n’est pas forcément admiré par le grand public. Comme tout art, ce domaine nécessite une étude et doit suivre la tendance actuelle, exactement comme la mode. Il n’est pas ici question de copier ce que les autres font déjà, la recherche servira tout simplement l’inspiration pour créer votre propre modèle qui sera uniquement votre en utilisant votre personnalité et en reflétant le « Maha Malagasy ». Moi, par exemple, je passe au moins une heure de temps à la recherche des nouveautés partout dans le monde : en Asie, en Europe, en Amérique, en Océanie et en Afrique. Les connaisseurs ont sûrement constaté que mes œuvres ne sont pas forcément très Malagasy, d’ailleurs c’est pour cela que les étrangers ne veulent presque plus de nos œuvres puisque c’est toujours la même chose, toujours de la rizière avec une femme avec son fils, du Tamboho Ntaolo ou des instruments de l’île Rouge. Il ne faut jamais oublier que chacun a ses propres goûts et il faut donc rechercher ce dont la clientèle exige. Autrement dit, il faut moderniser et diversifier les produits sans pour autant laisser tomber l’esprit malgache.
Un message pour les Malagasy : réaliser un chef-d’œuvre pas un simple œuvre. Faites que votre travail soit vendable et attractif et réalisez-le avec beaucoup d’attention, d’amour et surtout beaucoup d’innovation. Faites que vos travaux se paient car réaliser un tableau ou une décoration n’est pas facile. J’aimerais aussi m’adresser à toutes les filles : Forger vos talents dans l’artisanat et commencer par les matières que vous avez en main. Je prendrais l’exemple de ma sœur, en 2011 où la crise régnait et que tout le monde avait perdu son job, elle faisait des bijoux avec des boutons et des tissus qu’elle trouvait chez elle. La réalisation de ses bijoux fantaisies l’a aidé à survivre pendant presque deux ans. Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas chercher très loin, on a besoin de financement pour débuter. Et enfin, n’oubliez pas que le temps vaut de l’or et il ne faut pas perdre du temps pour des choses pas importantes.
Dossier réalisé par Tahiana Andrianiaina