Malgré le fait que la fête des pères, célébré hier, ne soit pas aussi connue que celle de nos mères, il mérite qu’on y accorde une petite attention car nous l’avons bien fait pour nos « mères veilleuses ». Le père de famille est celui qui fait tout pour sa famille, celui qui n’a jamais décliné aucune responsabilité. Un père, c’est en quelque sorte un phare qui guide nos premiers pas et qui nous montre les sommets à atteindre. D’ailleurs, les malgaches l’avaient compris en disant « Izay adala no toa an-drainy », en voulant dire que nous devions dépasser le sommet déjà atteint. Un père, c’est aussi celui qui résout les problèmes et répare tout ce que nous brisons. Celui qui est triste quand il nous arrive des pépins mais sait rire de nos plaisanteries. Mais surtout une source inépuisable de sagesse et un ami pour la vie, voila en quelque sorte ce qu’est un père. Alors certes, la fête des pères n’est pas aussi célèbre que celle des mères, toutefois, le père fait quand même de grande chose pour que l’on s’y intéresse au seul jour de l’année où on peut bien leur accorder notre pensée.

L’intérêt que le public a porté à ce dimanche des pères a sans nul doute augmenté cette année. Rien qu’à voir les dédicaces, si on peut le dire ainsi, faites sur les réseaux sociaux par presque tout le monde, grands et petits, filles et garçons. Tant mieux, dirons nous, et il ne s’agit pas de célébration commerciale ni quoi que ce soit, juste un petit dimanche où l’on prête attention aux pères. Il est vrai que le « Firenena » se base sur le mot « reny » qui est le mot pour dire mère mais il n’y a eu que des « pères de la Nation ». Pour nous malgaches, le premier président de la république a hérité de ce titre, face à des personnages qui ont sacrifié leurs vies pour ce pays que nous chérissons tellement. Comme le trio Ravoahangy-Raseta-Rabemananjara ou encore un certain Ralaimongo et tant d’autres qui ont cherché dans tous les domaines à faire briller cette Nation que nous sommes. Il est certain que nous n’avons rien contre le grand Tsiranana, mais de par ce fait, tous ses successeurs en ont hérités et doivent honorer ce titre. Les présidents qui se sont succédé, devaient assumer le rôle de père de tous les Malgaches et plus encore l’actuel.  Les rôles d’un père peuvent être multiples certes, mais il en est un qui est sûrement plus important que d’autres. D’ailleurs, ce rôle, on le retrouve dans cette prière à notre Père : « donnes-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».  Vital, disions-nous car en effet, sans ce pain quotidien, le trépas n’est pas bien loin. Il est du devoir du père d’apporter de la nourriture au foyer et de remplir cette assiette au quotidien. Pourtant, à l’heure où nous parlons, nombreux sont les Malgaches qui meurent de faim, qui vont rejoindre la couche avec le ventre vide, sans pouvoir y mettre grand-chose. Nous ne cherchons à juger personne, ou à accuser qui que ce soit, mais la réalité est telle que les enfants du père de la Nation meurent de faim chaque jour. La semaine dernière, plus précisément le 15 juin, était la journée mondiale contre la faim.  A ce sujet, la Grande Ile est le deuxième pays le plus touché par la faim en Afrique Australe et le 5ème pays au niveau mondial concerné par la malnutrition chronique. Au début de l’année, le nombre de Malgaches touchés par la faim a été estimé à près de deux millions. De plus, 14 millions autres personnes sont menacées par la faim. Pire, l’on sait également que près de 4 millions de personnes, soit 28% de la population rurale ont un accès insuffisant à la nourriture. 14 millions de la population malgache est touchée par la faim, en sachant que nous sommes un peu plus de 22 millions. Comment se fait-il que plus de la moitié d’entre nous soient menacés ? Comment se fait-il que dans une famille où le père peut se permettre de voyager au bout du monde, au frais de la maison, et tous les caprices qui soient, le reste de la famille meurt de faim ou en est menacé ? Ceci est une situation juste inacceptable. Nous ne parlerons même pas de la situation d’insécurité à laquelle chaque mère et chaque enfant de ce pays sont confrontés chaque jour. Du fait tout simplement de l’absence de ce père qui pourtant a les moyens de prendre les mesures adéquates pour en finir une bonne fois pour toute avec cette question. Pourtant, chaque jour, il y a encore des gens poignardés par ici, des victimes de cambriolage par là et tant d’autres.

Le fait est que la nation Malgache a comme père un imperméable. Imperméable face à toutes les souffrances qu’endure sa famille, à tout ce dont elle doit faire face chaque jour. Un imperméable qui ne daigne même pas échanger le moindre mot sur tous ces maux qui minent nos vies et qui font de notre quotidien un calvaire impossible et insupportable. Loin du rôle de père à qui pourtant on ne réclame pas grand-chose, juste « donnes nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Ny Aina Rahaga