On s’achemine sans allégresse vers une année blanche. Blanche d’élections, certes, mais aussi blanche de progrès. 2013 s’annonce même comme une année de recul pour laquelle la population gardera le souvenir d’avoir accumulé des sacrifices. On pencherait à la qualifier plutôt d’année noire, du reste comme celles qui l’ont précédée. Les étranglements de la circulation urbaine qui témoignent d’une croissance effrénée du parc des véhicules, les immatriculations l’attestent, et la densité élevée de 4X4 et de grosses berlines rutilantes, sont autant de signes extérieurs qui ne permettent pas de conclure sur un constat de récession. Un vrai mystère ou un réel objet de scandale, la contradiction avec les signes extérieurs de misère, et surtout la pauvreté à l’intérieur d’une majorité de foyers où l’on ne se soucie plus que de tromper la faim. 
On dit l’économie malade, le secteur privé tout en retroussant les manches pour s’atteler à la reprise montre ses muscles pour siffler la fin de la récréation, les particuliers se plaignent de ne plus en pouvoir chacun à son niveau… dans la ruralité les populations se recroquevillent dans la peur face à l’insécurité grandissante et n’ont plus le cœur à produire que pour leur propre consommation. Et pourtant la société fonctionne et la machine tourne. Où est donc cette crise, s’interrogent bien des gens, comment la combattre quand on la sait partout à la fois et qu’on ne la situe nulle part. 
A l’évidence il y a du fric qui circule, tout le monde en a conscience mais nombreux le sentent passer sans le voir et encore moins le palper. La société fonctionne dans une vraie fausse réalité, et une partie de l’opinion se nourrit de l’idée que le pays a les capacités de se mettre en marge du monde, et que c’est le schéma mondialisation qu’imposent les grandes puissances qui est à la source de la misère qui règne. Sans vouloir rentrer dans ce débat pour déterminer qui de l’œuf ou de la poule a précédé l’autre, il est quand-même difficile de verser de l’eau au moulin de ceux qui roulent et prêchent en faveur d’une coupure avec le monde dans lequel Madagascar a tenté de s’insérer sans y parvenir vraiment.
Il faut se rendre à l’évidence, la communauté internationale a ses règles, il revient à tous et à chacun de s’y conformer. Parfois ou même souvent, l’application de ces règles diffère d’un cas à l’autre, donc d’un pays à l’autre, c’est que tous les pays ne présentent pas les mêmes intérêts géostratégiques au regard de la communauté internationale, et les « injustices » trouvent justification au nom des intérêts supérieurs. 
Intérêts, intérêts et rien que les intérêts priment dans les motivations des relations internationales, les amitiés ne constituent que des enveloppes dans lesquelles se logent les intérêts ou des façades que l’on utilise pour faciliter les échanges. Défendre les intérêts du pays reste ainsi l’unique objectif des dirigeants, personne n’est dupe lorsque ceux-ci négocient et soignent en priorité leurs intérêts particuliers.

Léon Razafitrimo