Fête de l’indépendance – L’ « Arendrina taratasy » symbolise le nationalisme
En cette veille de célébration de la fête nationale, la quasi-totalité des malgaches, surtout la population de la capitale, sont unanimes sur l’incontournable achat de lampions traditionnels communément appelés « Arendrina taratasy ». « C’est un symbole du nationalisme, on ne doit plus acheter les lampions chinois parce que c’est notre fête, et non la leur », s’exclame une grand-mère interrogée hier au marché d’Analakely. Les témoignages des marchands, dans le centre ville, précisant que plus de 80% des lampions vendus sont ceux en papier, confirment la revalorisation « l’Arendrina ».
Symbole de la révolte populaire
« Arendrina taratasy o ! May may may. Izay tsy faly manao aminay!” Cette mythique chansonnette ne peut pas être fredonnée qu’en tenant le lampion de papier qui va ensuite être brûlé par le reste de la bougie utilisée comme étant source de lumière. Les historiens nationalistes expliquent que cette pratique est une manifestation de la révolte populaire contre toutes formes d’injustice ainsi qu’une démonstration de la fierté des malgaches. C’est un véritable défi contre tous ceux qui osent piétiner cette fierté nationale. Les enfants qui restent le symbole de l’avenir affirment à travers la marche des lampions, qui se déroulent dans la soirée du 25 juin, leur volonté de se battre pour l’intérêt du pays. L’ « Arendrina taratasy » avec la bougie allumée à l’intérieur symbolise, en effet, la flamme qui brille pour l’attachement à la patrie.
Les lampions chinois en plastique
Fait plutôt insolite depuis quelques années, les petits jouets lumineux de fabrication chinoise, alimentés par des piles ont presque anéanti l’histoire de l’Arendrina. Grâce à la multiplication très rapide des utilisateurs de facebook, une tendance nationaliste s’est levée depuis près de 3 ans pour défendre le rite de l’ « Arendrina taratasy ». Pour cette année 2016, rares sont ayant encore recours aux lampions chinois en plastique. Par contre, les importateurs ont trouvé une autre solution pour contourner la haine envers les produits chinois. Ils proposent, en effet, des « Arendrina taratasy » de fabrication industrielle visiblement importés de l’Asie. Ce nouveau modèle de lampions en papier a quand même pu pénétrer facilement le marché malgache à cause de sa qualité de fabrication. Les tout-petits réclament notamment ces Arendrina importés sous la forme de supers héros de dessins animés, ainsi que les Dora, et Bob l’éponge.
La marche légendaire vers la haute ville et Anosy
Chaque année, à la veille du 26 juin, les quartiers de la capitale et ses environs ont l’habitude d’organiser une grande marche commune pour rejoindre la haute ville et les alentours du lac Anosy, pour regarder les feux d’artifice. Tous les enfants sont invités à rejoindre le mini carnaval pour fredonner ensemble « l’Arendrina taratasy » dans une ambiance de fête. Cette soirée du « 25 » demeure sans conteste l’événement le plus populaire à Madagascar. Des associations de bienfaisance ainsi que les services sociaux auprès des entreprises privées ont l’habitude de distribuer gratuitement des lampions en papier aux enfants démunis afin que ces derniers puissent montrer qu’ils sont aussi de la fête.
L’Arendrina pour la décoration
Les grands restaurants et autres établissements commerciaux de la capitale décorent avec des Arendrina leur vitrine et devanture pour attirer l’attention des citoyens sur l’importance de la fête nationale. « Ces lampions en papier sont un signe que nous sommes de tout cœur avec les malgaches, tout en attirant également les clients », explique un indo-pakistanais, gérant d’une quincaillerie à Tsaralalàna. A part le drapeau national, l’avenue de l’indépendance est également décorée avec des centaines d’Arendrina taratasy. Tout cela a sûrement amplifié l’ambiance de fête en cette semaine précédant le 26 juin, jour de la fête nationale. L’Etat, ainsi que la Commune urbaine d’Antananarivo, aurait investi des millions d’Ariary pour l’achat de lampions.
L’unité coûte entre Ar 500 et Ar 15000
Le prix de l’Arendrina demeure largement accessible pour toutes les couches de la population. Au marché, l’unité coûte entre Ar 500 et Ar 15.000 selon la qualité et la taille du modèle. Un marchand arrive à écouler une vingtaine à une cinquantaine de pièces par jour depuis le début de cette semaine. En effet, ces tarifs ont connu une hausse cette année à cause de l’augmentation des prix des matières premières comme les papiers d’emballage ainsi que les peintures. Un artisan qui habite Ambohimanarina a fabriqué près de 5.000 Arendrina pour cette fête de l’indépendance 2016. La moitié des marchandises a été déjà réservée par des associations caritatives. Et le reste vendu auprès des détaillants.
Cassandra Kassie