Catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge – Vétusté du matériel ou acte de sabotage
Les équipes de la SNCF et les enquêteurs poursuivaient dans la soirée de samedi 13 juillet dernier, leur travail dans la gare de Brétigny-sur-Orge, en banlieue parisienne. Vingt-quatre heures après le déraillement d’un train, une grue a été mobilisée pour essayer de soulever la voiture qui est la plus abîmée. L’objectif est de s’assurer qu’aucun passager n’est bloqué sous le train, qui s’est en partie couché sur un quai vendredi soir. Au moins six personnes ont été tuées. Ce n’est pas une erreur humaine qui a causé l’accident, la SNCF l’a annoncé ce matin, mais on ne sait pas encore exactement ce qui s’est passé. Défaillance technique ? Une nouvelle équipe d’enquêteurs spécialisés est arrivée sur les lieux du drame. Elle ne répond ni par oui, ni par non. Son travail va consister à vérifier la cohérence des propos du directeur de la Société nationale des chemins de fer. Guillaume Pepy s’est livré à un mea culpa, il a reconnu la responsabilité de son entreprise dans un accident qui serait dû à une grosse agrafe d’acier : 10 kg environ. Une pièce de métal normalement tenue par quatre boulons qui aurait sauté sous la pression des roues du train, et qui se serait logée plus loin sur la voie. C’est en roulant sur cette agrafe que le train se serait disloqué.
Très tôt, la vétusté du matériel a été mise en cause. L’ancien député du Cher, Jean-Claude Sandrier, qui préside l’association Urgence Ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, a évoqué une liaison « qui a été pendant au moins dix ans plus ou moins abandonnée ». « Il faut que dans les deux ou trois ans, on ait complètement changé le matériel sur cette ligne. Aujourd’hui, vraiment, il faut passer aux travaux pratiques. Les discours, ça doit être terminé. La preuve, c’est que ce qui s’est passé indique qu’il faut arrêter avec les discours, il faut aujourd’hui prendre des décisions et dégager des moyens », a martelé Jean-Claude Sandrier. Il existe près de 5 000 équipements du même modèle en France, la SNCF s’est engagée à tous les réexaminer. Cela part d’un bon sentiment mais ça ne servira à rien, expliquent certains spécialistes. Ceux-là penchent plutôt pour un acte de sabotage, parce qu’abîmés ou non, quatre boulons qui dévissent en même temps, ce serait une première mondiale, ironisent-ils ! Alors pas de conclusions hâtives, techniciens et policiers vont continuer ce dimanche à chercher des indices sur les wagons endommagés. La bande sonore, l’équivalent de la boîte noire pour les trains, a été retrouvée, elle leur fournira des détails sur le parcours : vitesse, freinage, déclenchement du signal d’alarme et paroles du conducteur. Le patron de la SNCF a indiqué ce samedi soir que les travaux de déblaiement de la voie vont prendre plusieurs jours et qu’il s’agit d’un chantier d’une très grande difficulté technique. Cela entraîne d’importantes perturbations sur les lignes de la région. Le trafic du RER C reprend petit à petit, mais aucun train ne circule entre Paris-Austerlitz et Limoges.