Le cochon-payeur dans une guerre d’usure
Le 1er Août 2013 c’est déjà demain. Que peuvent représenter deux semaines de plus lorsque l’on a patienté plus de 54 mois ? C’est toujours 15 jours à s’user les nerfs et un délai supplémentaire à endurer sacrifices et privations qui se rajoutent à l’attente d’une sortie de crise d’une part, et aussi à la période qui s’annonce longue pour s’en relever. Evidemment que l’on parle du tribut dont la population s’acquitte plus on tarde à régler la question. Certes il n’y a pas à se plaindre à posteriori, de la rencontre des représentants de la communauté internationale avec les différents acteurs nationaux il ne fallait pas s’attendre à une conclusion-miracle. La nouvelle échéance posée ne présente pas pour autant de meilleures perspectives, quels éléments nouveaux parviendraient à faire pencher les décisions dans un sens ou dans l’autre ? Un temps de réflexion supplémentaire ? Depuis que ça dure ce n’est pas le temps pour réfléchir qui aurait dû faire défaut, et ce n’est pas faute pour chacun d’avoir eu le loisir d’apprendre à mesurer les qualités et les ruses de chaque partenaire et de chacun des adversaires. De quelque côté que l’on retourne le sujet, le peuple n’a rien à dire et nombreux tendent actuellement à dire qu’il n’a que la classe politique qu’il mérite. C’est sans doute vrai puisque l’on ne peut charger autrui de la responsabilité de la médiocrité (un euphémisme) qui accable la nation. On ne peut qu’à s’en prendre à soi-même. Toutefois on ne peut pousser trop loin ce raisonnement. Fatalement on déboucherait sur la conclusion ouvrant sur un autre devoir de révolution, et là encore il demeure des tares du passé, le passé proche comme le passé lointain. Le remplacement du personnel ancien par une nouvelle clique ne suffit pas à faire une révolution, à la limite un changement ne nécessite même pas un remplacement de toute la classe, la méthode d’exiger le respect des principes incontournables et des valeurs, suffirait par les règles que cette méthode impose pour contraindre à une transformation des comportements malgré une résistance de la mentalité. Il faut en effet se résigner à un constat. Au sein de l’arène politique, et de plus en plus à l’extérieur dans la société en général, sévit une épidémie ravageuse l’égoïsme. A l’expérience les tentatives successives en témoignent, anciens ou nouveaux, jeunes ou vieux, il n’y en a pas un qui en échappe, pour ne pas être l’égal de l’autre. Les plus beaux discours eux-mêmes ne sont à chaque fois que des reprises des précédents. L’air que l’on respire est pollué. La seule mesure d’hygiène consisterait, non à faire confiance en la seule vertu d’un seul homme, mais à mettre en place tout un arsenal de protection contre les tentations d’opération de hold-up. Que de temps perdu durant cette transition pour ne pas avoir mis à profit ce délai afin de mettre les plus basiques balises en ce sens. Les batailles politiciennes ont contribué à faire oublier même le devoir de réflexion à ce propos et à fortiori celui d’ouvrir un débat sérieux autour de la question. Quelle que soit l’issue le 1er Août le pays risque de repartir comme avant la fleur au fusil sans défense contre les dérives vers lesquelles il n’a que trop incliné et chuté.
Léon Razafitrimo