Au début de la création, un fin stratège s’entendait comme un Magistrat élu, chargé du commandement de l’armée et de la flotte. Cela comprenait le recrutement de l’armée, le contrôle du budget militaire et la gestion des Affaires étrangères, des pouvoirs judiciaires en matière de discipline militaire et de sûreté de l’Etat, et, en temps de guerre, de la direction des opérations sur terre et sur mer. On parlait alors de « Collège des stratèges » ; de poste de stratège ou encore de stratège de la contrée. La notion s’est ensuite développée, comme toute chose en ce monde et en Egypte hellénistique, c’est-à-dire du temps des grecques en Egypte, l’on désignait par ce terme le chef de l’Administration militaire et civile, un représentant du roi sur un territoire plus ou moins vaste. Puis, dans une époque moins éloignée, il était question du chef d’armée qui dirige des opérations militaires d’envergure en faisant preuve d’une grande aptitude en l’art de conduire l’ensemble des opérations. Une personne apte à organiser et à conduire efficacement des opérations de combat. Mais heureusement, en ce moment, tout le monde peut être fin stratège, même en ne faisant pas partie de l’armée. Car maintenant, toute personne qui conçoit avec compétence et habileté des plans à longue échéance lui permettant de maîtriser l’ensemble d’une situation et d’en tirer le meilleur parti est de fait un fin stratège.

Le pays serait dans de beaux draps si la notion n’avait pas évolué, car le nombre ne garantit pas la qualité. Si on parle de chef d’armée capable de mener une opération militaire d’envergure, on en manque cruellement. Pourtant, on a tant et tant de généraux, tant et tant d’étoilés. Alors pourquoi on n’aurait pas autant de fins stratèges ? La réalité nous montre cruellement que dans un Etat ou l’on compte par dizaines de milliers les officiers supérieurs de l’armée, parmi eux, peu nombreux sont ceux qui peuvent assurer la sécurité du pays. C’est triste en effet que pour assurer la sécurité de nos hôtes pour le sommet de la Francophonie, ou juste du fait d’une soi-disant menace terroriste, on doit faire appel à une armée étrangère. En effet, ces derniers temps, certains organes de presse relayaient l’info selon quoi le Gign ou le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale française était prêt à intervenir en terre malgache. Serions-nous revenus aux temps « bénis » des colonies ? Honte aux étoilés de l’armée si cela se produit. Certes, s’il s’agit de collaboration dans le cadre d’une formation ou autres choses, il n’y aura aucun problème. Mais s’il s’agit de suppléer l’armée malagasy sur son propre sol, « ouloulou », comme disent les jeunes en ce moment. Toutefois, l’incompétence de nos forces de sécurité légitimerait une telle chose. Les évènements de la fête nationale ou de Beroroha sont déjà assez expressifs. De plus, mieux vaut mourir de honte en acceptant la sécurisation du Gign que de mourir tout court en faisant le fier. Mis à part cette histoire de militaire, il a été souligné que le fin stratège n’est plus obligatoirement un militaire. Il peut s’agir d’un simple individu qui conçoit avec compétence et habileté des plans à longue échéance lui permettant de maîtriser l’ensemble d’une situation et d’en tirer le meilleur parti. Et bien non, on ne dénombre pas encore assez de fin stratège dans ce pays, ou du moins ils ne sont pas là où ils devraient être. Des plans à longue échéance nous disions. Ne serait-ce pas tout simplement la traduction de l’existence d’un projet de société pour réellement sortir le pays de l’impasse où il se trouve ? Qui permet de maitriser l’ensemble d’une situation et d’en tirer le meilleur parti. Il apparait évident qu’aucune situation n’est maitrisée chez nous. Pourtant, quand il n’y a pas de projet de société viable et bien élaboré, la moindre des choses serait de maitriser les sujets ponctuels qui touchent le pays. Bien évidemment ce n’est pas le cas, que ce soit cette session extraordinaire grotesque et contestée de toutes parts, ou cette polémique d’ananas et on ne sait quoi encore.

Dans tous les cas, il apparait qu’aucun de ceux qui se trouvent à la tête de l’Etat actuellement n’est fin stratège. D’ailleurs, un fait plus que gênant pour le régime en place et ne plaidant pas en sa faveur s’est encore produit avec ce sénateur qui a agi de manière indigne à son rang. Il mériterait presque qu’on le vire à coup de … tapote dans le dos.  Le constat est terrible et à ce rythme là, il n’y aura pas seulement notre honneur qui volera en éclat d’ici le mois de novembre, mais tout notre avenir aussi.

Ny Aina Rahaga