Le Palais de la démocratie interdit aux journalistes
Toujours au programme de la même matinée d’hier, les journalistes ont prévu tenir un sit-in à l’Assemblée nationale afin de signifier encore une fois aux députés de Madagascar la nécessité d’ajourner l’étude de projet de loi. Malheureusement, les portails du palais ont été fermés pour tout visiteur et pire, de très nombreux éléments de l’Emmorég et de la police nationale ont encadré le lieu en posant un périmètre de sécurité de plusieurs centaines d’avance. Effectivement, dès qu’on abordait hier la descente de Tsimbazaza, des hommes armés avec des boucliers ont été aperçus par les usagers de la route tandis que des patrouilles à pied sont remarqués jusqu’à Manakambahiny. Et la négociation pour aller cueillir des informations a tourné court alors qu’en principe, le public pouvait venir, séance plénière oblige : « Nous avons reçu l’ordre que personne n’entre, et j’ai moi-même demandé confirmation auprès du président de cette institution », a déclaré le Général Florens Rakotomahanina. Toujours dehors, d’autres officiers de la gendarmerie n’arrêtent pas de provoquer les journalistes : « Même si vous vous agenouillez, vous n’aurez pas accès au Palais », a ordonné un officier. Et c’est ce qu’ont fait les journalistes qui ont mis deux genoux à terre pour justement supplier les forces de l’ordre puisque le citoyen a un besoin réel d’informations.
A l’intérieur, le député de Tsaratanàna a rappelé à l’ordre le président de l’Assemblée nationale en insistant sur le critère de séance plénière : « Monsieur le Président, il y a encore des gens dehors et beaucoup de journalistes. Attendons qu’ils rentrent avant de commencer ». Et la réponse de Jean-Max Rakotomamonjy, rapportée par le même député, reste le … mensonge du jour : « Il y a déjà des gens là-haut – ndlr : le balcon de la salle de réunion – et peut-être que ce sont des journalistes » !
Mais dans l’après-midi, une rencontre a finalement eu lieu avec les députés de Madagascar où 10 journalistes et des représentants du gouvernement ont été invités par, justement, le président de l’Assemblée nationale. Rappelons que dans la matinée, 61 députés sur 69 ont voté pour le maintien de ce projet de loi dans l’ordre du jour de cette session extraordinaire. Et selon le rapport effectué par la délégation du mouvement pour la liberté d’expression, ces parlementaires n’ont toujours rien compris de la menace qui pèse sur la démocratie à Madagascar.
J.L.R