Le code de la communication est passé – La démocratie à genou !
C’est très tard dans la nuit, plus exactement vers minuit qu’on a annoncé que le code de la communication liberticide a bel et bien été voté par les députés. Une réunion décisive se tiendra dans la matinée de ce jour pour les journalistes du mouvement pour la liberté de l’expression si les directeurs de la publication des différents organes de presse doivent préparer leurs lettres de démission.
Pour la plupart des directeurs de publication, l’heure est donc à la démission et à la négociation de leur départ, un adieu pur et simple pour certains ou des postes subalternes pour d’autres. Ces derniers, certes des directeurs, n’ont jamais les moyens de se payer ni un titre de la presse écrite, ni une chaîne de télévision. Pour la population en général, elle sera désormais servie de toutes sortes de navets comme la pluie et le beau temps, une étude approfondie sur les couleurs d’un quelconque fruit, ou encore l’explication de long en large du jeu « fanorona ». Ce sont des sujets sûrement intéressants mais qui ne mèneront sûrement pas la boîte vers le paiement d’une amende pouvant aller jusqu’à 100 millions d’ariary. A partir de maintenant, il est interdit de critiquer sur les décisions prises par tel ou tel fonctionnaire au risque de se retrouver derrière les barreaux et d’être accusé de diffamation ou d’avoir proféré des injures.
Riposte
En tout cas, la riposte des journalistes réunis au sein du mouvement pour la liberté de l’expression sera connue à l’issue de la réunion qui va se tenir dans la matinée d’aujourd’hui. Mais déjà, une chose est sûre : les journalistes auront le soutien de la population toute entière mais aussi de la communauté internationale dans sa lutte vers une réelle démocratie à Madagascar. Rappelons que le système des Nations-Unies qui était partie prenante dans l’élaboration de l’avant-projet de code de la communication, et ce, à travers le Pnud, a déjà annoncé sa préoccupation notamment après le grand charcutage de ce projet de loi mené par le ministère de la Communication. C’est aussi le cas de l’Union Européenne mais aussi des Etats-Unis d’Amérique qui, lors de la célébration de la fête de son indépendance, ont critiqué ce forcing du gouvernement malgache.
Bref, un bras de fer qui dépasse largement le cadre national est en vue dans lequel le régime risque sa peau. En tout cas, le fait est là : Madagascar fait de grands pas en arrière pour se retrouver dans les années où la censure régnait.
Ariane Valéry