Remake ou pas ?
Des partisans du régime actuel ont crié sur tous les toits et sur tous les supports possibles, que ce soit les réseaux sociaux ou la presse écrite, que des politiciens de l’opposition projettent de faire un remake des évènements de 2009. Samedi dernier, en effet, plusieurs politiciens ont fondé le mouvement « Mitsangana ry Malagasy », littéralement « levez-vous malgache ». Se lever pourquoi en fait ? Et bien face aux infamies de la vie quotidienne des malgaches, face aux déviances du régime, plongeant le pays dans le plus noir des abysses. Face à la pauvreté des 22 millions des habitants de Madagascar, qui n’en sont plus que les habitants car le pays commence à être soldé, à travers des baux emphytéotiques qui ne rapportent rien à la nation, ni à ses citoyens. Face à la défaillance flagrante des dirigeants vis-à-vis de la progéniture malgache, à lui offrir une éducation comme il se doit. Face à l’insécurité perpétuelle dans laquelle la population entière vit chaque jour durant, et qui ne laisse aucun répit de jour ou de nuit. Voilà pourquoi il est nécessaire pour chacun des malgaches ressentant ces douleurs qu’on lui afflige de se lever. Et ce, avec ou sans politiciens.
On a tous été témoins cette fois-ci de l’échec manifeste des tenants du pouvoir et de leur manque d’action qui ne se répercute que sur les simples citoyens. Les résultats du premier examen officiel, le CEPE, en atteste officiellement. Le taux de réussite à cet examen a été catastrophique cette année, parti de 75% l’année dernière pour en arriver à presque 50% cette année. Un peu moins et la moitié des enfants malgaches n’auront pas eu le CEPE, la faute à un système scolaire sûrement des plus mauvais au monde. Non, ce ne sont pas ces enfants qui sont cancres ou fainéants, seulement, l’Etat n’assure pas son rôle qui est en premier de préparer l’avenir de ces enfants et de leur donner les outils et opportunités nécessaires pour un avenir meilleur. Quel avenir meilleur peut-on espérer lorsque le département chargé de l’éducation essuie un échec pareil, à inscrire dans les annales de l’histoire. Déjà décrié comme étant l’un des secteurs le plus corrompu dans le pays, et cette fois-ci sans équivoque, celui qui a enregistré le taux d’échec le plus élevé. Qu’attendons-nous pour réagir ? Que les 90% des malgaches se trouvant déjà dans la plus honteuse des conditions humaines soient condamnés à échouer malgré les efforts qu’ils fournissent ? Echouer si l’on ne fait rien, ce ne serait que justice, mais échouer par la faute d’un système corrompu et défaillant alors qu’on se défonce la caboche jour et nuit, c’est tout simplement inacceptable. Dans un tout autre cadre mais dans le même registre, les conditions de vie des malgaches ne cessent de se détériorer. La vie ou plutôt la survie coûte de plus en plus cher. L’inflation galopante va bientôt forcer ces 90% de malgaches, pauvres, non-instruits et donc condamnés à un échec certain, à hypothéquer leur propre vie. Le coût de l’électricité vient d’augmenter de l’ordre de 20%, alors que le courant est coupé durant des heures de la journée, empêchant ainsi toute productivité. A cette époque de l’année, le litre du gas-oil était d’environ 3150 Ariary, soit plus cher qu’actuellement, et le prix d’un ticket de bus était encore de 400 Ariary. Ce n’est nullement à l’avantage du régime actuel car actuellement, le prix du gas-oil est de 3010 Ariary alors que les transporteurs ont annoncé que le ticket coûtera désormais 500 Ariary. Chez nous, plus le prix baisse, plus le coût de la vie augmente. Il en est par exemple de même pour les hydrocarbures, car si à l’international, le prix baisse, à Madagascar, on connait une augmentation significative. Les transporteurs ont pointé du doigt les dirigeants qui, d’après eux, ne se soucient pas du tout des besoins de la majorité. En coupant les subventions de l’Etat aux transporteurs depuis déjà plus de 6 mois, puis en laissant libre cours aux distributeurs. Or, aucune hausse, même microscopique, n’a été détectée dans les revenus des ménages malgaches. Comment sommes-nous supposés faire face à tout cela ? Et ce n’est qu’une infime partie de la réalité malgache.
L’Etat ne propose aucune solution et ne montre même pas ne serait-ce qu’une petite volonté d’alléger la vie de ses citoyens. Le fait est que pour la survie, on est obligé de choisir le moindre mal. Il est évident que la destitution du régime n’est pas la solution de tous les problèmes de ce pays, et affectera sans doute son développement, si tant est qu’il y en ait un. Toutefois, la situation actuelle est impossible et demeurer ainsi n’est pas non plus une option. Car pour deux ans encore, jusqu’en 2018, qui sait ce qui se passera ? Loin de nous l’idée d’être pessimiste, mais aucun indice ne prête à imaginer un avenir meilleur. Alors remake ou pas, il est temps de mettre le changement en marche.
Ny Aina Rahaga