L’existence de faux permis miniers en vigueur montre la corruption en haut lieu sur le secteur. « En juin 2015, le nombre de permis miniers en mouvement était de 1 596. Actuellement, ce mouvement se chiffre à 4 000. Si la nouvelle demande de permis minier était de 1 630, actuellement, elle est de 3 000. Le nombre de faux permis miniers en vigueur est de 5 187 ». Ces propos sont de Serge Zafimahova du club développement éthique lors d’une conférence sur l’enjeu du secteur extractif à Madagascar avec l’association Taratra.

L’octroi légal de ces permis … illégaux ne peut pas bien sûr se faire sans la complicité des hauts responsables étatiques et aussi de la corruption. « Il faut suspendre l’octroi de permis minier avant la promulgation du nouveau code minier », dixit Serge Zafimahova. Nos responsables étatiques sont évidemment au courant de cette situation mais il semble que cela les laisse indifférents. Le Bianco et le Samifin n’ont guère bougé leurs petits doigts sur ces affaires. Pourtant, il s’agit là de vol, de pillage des ressources de la Nation, de faux et d’usage de faux. Parallèlement, des spéculations de permis miniers font gagner les spéculateurs à des millions d’euros ou de dollars sans aucun impact pour la population.

Sur 150 millions hectares

« Il y a une contradiction entre les droits des occupants du sol et ceux qui exploitent le sous-sol pour Madagascar. Malheureusement, le droit du sous- sol prime avant le droit des occupants du sol. C’est aussi à Madagascar que l’on peut avoir des permis renouvelables indéfiniment », explique Serge Zafimahova. « Pour que la population ait une idée de la surface occupée par un exploitant minier, il faut changer l’unité du carré minier en hectare et non en km2 », rajoute notre interlocuteur. Un carré minier équivaudrait à 85 ha. « Les faux permis miniers exploitent 150 millions d’hectares alors que les vrais permis n’occupent que 28 millions d’hectares », annonce Serge Zafimahova. Il n’est pas donc étonnant de voir les richesses du pays qui partent illégalement à l’extérieur. Les produits sur ces faux permis sortent généralement dans le circuit illégal. Rien que pour l’or, suivant des sources fiables, l’exportation illicite d’or de Madagascar est évaluée dans une fourchette entre 3 à 8 tonnes par an, d’autres sources avancent même des chiffres plus importants. Les professionnels estiment que les trafics d’or et de pierres précieuses exportés sont supérieurs au montant indiqué.

Rakotoarivony