Liberté d’expression – Enterrement ce jour !
Le programme a déjà été annoncé depuis la fin de la semaine dernière même si ce n’est pas courant pour les malgaches qu’un enterrement a lieu un jour de mardi. En tout cas, les journalistes accompagnés des membres de la société civile ainsi que de simples citoyens entament dans la matinée une marche tranquille pour enterrer la liberté d’expression au pied de la stèle de l’Ordre des journalistes à Soarano. La semaine dernière, plus exactement jeudi dernier à minuit, 80 députés ont assassiné la jeune « Liberté d’expression et d’opinion » de 25 ans à Tsimbazaza et pour la presse, c’est effectivement un jour de deuil où tous vont s’habiller en noir. Rappelons que le président Zafy Albert appelé aussi « Père de la démocratie » n’a accédé à la présidence de la haute autorité de l’Etat qu’en 1991. Et comme les journalistes de Madagascar font ce métier d’information par amour pour sa patrie, l’enterrement se fera à pied dans un silence de cathédrale. Effectivement, aucun d’entre nous ne possède un indice de base de 3 500 comme les députés et sénateurs de Madagascar, c’est-à-dire ayant un revenu mensuel d’un peu moins de 4 millions d’ariary et ce même, malgré des anciennetés pouvant aller de 10 à 45 ans.
Ainsi, rendez-vous est pris et l’appel a été lancé depuis quelques jours déjà. Pour une fois, les journalistes seront avec les membres de la société civile et les simples citoyens. La marche partira d’Ankorondrano, pas très loin du quartier général de la radio « Miara-manonja » et au programme, des chants religieux si les bouquets de fleurs et bougies ne sont pas interdits. En tout cas, les journalistes espèrent qu’ils n’auront pas encore à s’agenouiller devant les forces de l’ordre pour passer le chemin, mais évidemment s’il faut le refaire, ce ne sera pas du refus ! Il est vrai que transmettre les informations est une valeur chère aux journalistes malgaches d’autant qu’on sait qu’il n’y aura jamais de développement tant que la censure est appliquée.
Ariane Valéry