Les simples citoyens ont répondu massivement à l’appel du « Mouvement pour la liberté d’expression » et Ankorondrano, Antanimena, Soarano et Analakely étaient noirs de monde. Seulement, le cortège funèbre n’a pu faire qu’une centaine de mètres puisque derrière le premier barrage d’une cinquantaine d’agents des forces de l’ordre, des hommes cagoulés armés jusqu’aux dents étaient, eux aussi, prêts à ne laisser passer personne. En tout cas, ce ne sera que partie remise, selon les organisateurs !

Dès 9 heures du matin hier, les rues menant à Ankorondrano étaient déjà noires de monde si du côté du rond-point d’Henri Fraise, les éléments de la gendarmerie nationale et de nombreux véhicules de transport de troupes sont bien présents. A l’entrée du Village des jeux, d’autres militaires encadraient les trottoirs et plusieurs barrages sont mis en place.  Au quartier général (Qg) de la radio « Miara-manonja », la plupart des journalistes ayant adhéré à la cause du « Mouvement pour la liberté d’expression » étaient sur place. La grande surprise du jour est la présence massive de simples citoyens venus, eux aussi, pour l’enterrement. Un peu plus tard, le cercueil de la jeune « Liberté » âgée de 25 ans est sorti et la marche a pris tout de suite la direction de la route des hydrocarbures. Seulement, elle s’est arrêtée après avoir parcouru une petite centaine de mètres. Des hommes et femmes armés ont tout simplement barré la rue et après 30 minutes d’attente mais aussi d’entente, le cortège a rebroussé chemin pour une première fois.

Aucun passage

En réalité, il était convenu avec les forces de l’ordre de reprendre la position initiale pour que la foule qui est restée près de l’entrée du Village des jeux puisse rejoindre la troupe toujours basée du côté du Qg. Effectivement, plusieurs centaines d’autres personnes sont arrivées et durant cette pause, tout le monde a profité pour faire des selfies et remplir leur page facebook. Une heure plus tard, la marche en avant est reprise mais encore une fois stoppée par les mêmes éléments des forces de l’ordre, à la différence que des hommes cagoulés se sont, cette fois-ci, positionnés quelques mètres derrière, certes, le canon de leurs armes pointé vers le sol mais on sait qu’en quelques fractions de seconde, ils peuvent tirer. Cette fois-ci, la négociation a tourné court : aucun passage n’est accordé ! Ainsi, les journalistes ont décidé de réviser leur stratégie pour un autre moment et le cercueil a été ramené.  Par contre, des milliers de gens ont décidé de rallier la stèle de l’Ordre des journalistes de Madagascar, symbolisant la liberté de presse, d’où plus tard, la décision du Général Florens de disperser la foule qui a envahi Soarano et Analakely. Pour le « Mouvement pour la liberté d’expression », c’est déjà une grande victoire puisque son message a été entendu.

J.L.R