Prostitution – Les travailleuses et les étudiantes ont la cote
Le nombre de prostituées dans le centre-ville a connu une nette augmentation ces dernières semaines, selon des professionnels dans ce plus vieux métier du monde. « Comme chaque année, le nombre de jeunes prostituées augmente en dernière semaine du mois de janvier, en période d’examen et celles festives », raconte un groupe de prostituées qui se dit être professionnel et titulaire à Tsaralalàna. « Dans la plupart des cas, les consommateurs sont composés de deux catégories différentes : des jeunes étudiants et des hommes à partir de la cinquantaine », précise une prostituée sous le pseudonyme de Bako.
Forte concurrence en fin de semaine
Le nombre de prostituées monte jusqu’à plus de 75% en fin de semaine. « A partir de jeudi, on enregistre une hausse notable de la concurrence », précise un groupe de prostituée qui attend ses clients à Tsaralalàna. En effet, les prostituées se regroupent dans différentes catégories, pour offrir une large gamme de choix à la clientèle. Dans la même foulée, le nombre de clients à majorité masculine allant jusqu’à plus de 100% pendant le weekend. « La plupart d’entre eux sont composés des jeunes travailleurs à part les vieux clients habituels », précise la travailleuse du sexe.
Cette activité qui attire tant de jeunes filles rapporte gros et peut générer un montant largement supérieur aux petites activités de service. « Je gagne en moyenne 200.000 ariary en se prostituant deux fois par semaine. C’est mieux que le salaire de 30.000 ariary par jour en tant qu’hôtesse de vente », confie une jeune prostituée sous le pseudonyme de Poussie. Pour gagner la somme de 200.000 ariary par semaine, cette dernière reçoit trois clients par nuit les vendredi et samedi.
Près de 9% des hommes se sont déjà payé une prostituée
A l’échelle nationale, les statistiques précisent que près de 9% des hommes de 15-49 ans se sont déjà payé une prostituée. Cette pratique atteint le taux de 24% chez les hommes en rupture d’union. Pourtant, la protection contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH reste infime car seulement 13% de ces consommateurs de prostituées utilisent un préservatif. Selon l’enquête démographique et de santé, le nombre, en moyenne, de partenaires sexuels au cours de la vie chez les 15-49 ans est estimée à 10 chez les hommes et 3 chez les femmes. Cela augmente avec l’âge et peut atteindre le chiffre de 13 chez les hommes de 50-59 ans.
La dernière statistique fiable disponible fait état que sur 631 personnes séropositives au VIH à Madagascar, 261 bénéficient du traitement Arv. Les derniers résultats de recherches scientifiques mondiales précisent que l’Arv peut à la fois empêcher le développement du VIH vers le Sida, et empêcher la transmission de la maladie. Malgré le taux de prévalence au VIH évalué à moins de 1%, dans la zone Océan Indien, le nombre total des séropositifs atteint quand même près de 4.400 personnes dans les cinq îles et moins d’un millier à Madagascar.
Compétition de plus en plus difficile
L’activité liée à la prostitution s’élargit et devient de plus en plus compliquée, selon les prostitués professionnels. En effet, des jeunes filles bien éduquées commencent à s’aventurer dans ce plus vieux métier du monde. « On a remarqué que la plupart des jeunes filles ayant un travail, sortent avec leurs collègues en fin de semaine dans le seul but de leur soutirer de l’argent. Entre une prostituée professionnelle et une collègue, les hommes optent pour cette dernière », explique Chantal, une prostituée de 28 ans. A part les travailleuses du sexe, des lycéennes piétinent les plates-bandes des prostituées d’Antsahavola et de Tsaralalàna à chaque début de soirée. « Elles viennent ici entre 18 et 20 h, le temps de piquer un client pour recevoir un peu d’argent de poche », précise, de son côté, Yrène, une autre fille du trottoir qui se dit avoir 24 ans. Et d’ajouter que « les clients en début de soirée sont composés des hommes mariés prêts à payer cher ».
Entre 30 à 50% des jeunes femmes travaillant dans l’industrie du sexe sont des mineures, selon un résultat d’étude menée à Toamasina et Nosy Be. Le développement du tourisme sexuel lié à la pauvreté constitue une des premières causes de cette pratique. Pourtant, l’exploitation sexuelle des enfants est définie par la loi malgache comme étant un crime. Dans la capitale, des jeunes sans abris se prostituent pour l’infime somme de 500 ariary.
Un album photos pour choisir
D’autres prostituées ne se montrent pas directement mais collaborent avec des intermédiaires pour trouver des clients. A Tsaralalàna, des clochards proposent aux conducteurs nocturnes de jeter un coup d’œil sur d’albums photos de jeunes filles prostituées. Cynthia, l’une d’entre ces dernières raconte qu’elle est prête à tout pour la somme de 100.000 ariary. « J’ai 16 ans, et mes parents ne m’interdisent pas la sortie nocturne. Comme j’habite dans un village un peu éloigné, à Iavoloha, aucun de mes voisins ne se doute de mes activités. Officiellement, tout le monde pense que je travaille comme opératrice de saisie », raconte-t-elle. Pourtant, Cynthia doit payer la caution de 10% de ses tarifs aux intermédiaires. « Normalement, le marchandage se fait en présence des intermédiaires, ces derniers sont prêts à me soutenir pour augmenter le tarif », précise-t-elle.
Cassandra Kassie