Mouvement des journalistes – Soutien de l’Eglise Catholique
La célébration de la fête nationale française était une occasion pour les journalistes de connaître la position de plusieurs entités et autres personnalités malgaches et étrangères sur le sujet qui ne cesse d’ébranler le pouvoir ces derniers jours. Il s’agit bien sûr du code de la communication voté à minuit par 80 députés de Madagascar et dont la version finale corrigée – plus précisément charcutée – par le gouvernement est très largement éloignée de l’avant-projet final obtenu à partir de nombreux ateliers tenus durant deux ans. Il est à rappeler que les participants n’étaient autres que des techniciens de haute volée représentants du ministère de la Communication, des journalistes, et entre autres des consultants juridiques, et tout s’est déroulé sous les yeux bienveillants du système des Nations Unies par l’intermédiaire du Pnud.
Et c’est bien lors de cette célébration du 14 juillet à Ivandry que nous avons croisé le Père Nirina de l’Association Justice et Paix de l’Eglise Catholique : « Notre position est claire : il faut appliquer le respect. La population doit être à tout instant informée de tout ce qui se passe dans son pays, elle a droit à l’information, et elle doit s’exprimer et donner ses opinions. Il ne devrait avoir de demi-mesure, quand cela ne va pas, il faut oser l’accepter. Maintenant, le peuple exige des droits déjà acquis et mieux, garantis par la Constitution. Par conséquent, l’Eglise Catholique Romaine à Madagascar soutient le combat des journalistes du Mouvement pour la liberté d’expression », a-t-il déclaré.
Messe dominicale
Pour les observateurs, il s’agit d’un soutien de poids et dans le monde entier, se faire rappeler à l’ordre de cette manière équivaut à revenir sur ses pas dans la minute qui suit. On ne sait pas si parmi les 80 députés qui ont voté ce code de minuit, il y aurait de confession catholique mais à coup sûr, les prêtres sont déjà au courant de leurs noms. Du coup, beaucoup se demandent si ces fossoyeurs de la démocratie et assassins de la liberté de presse, de l’expression et de l’opinion, vont oser quand même assister à la messe dominicale dans leurs districts respectifs et prendre, par la suite, la communion. En tout cas, les condamnations internationales ne cessent de pleuvoir et les dernières en date émanent du Syndicat national des journalistes – Section La Réunion – Océan Indien mais aussi de la Fédération internationale des journalistes. Et d’un autre côté, on sait que la très maigre couverture de la 42ème assemblée des parlementaires francophones réalisée par la presse locale a fait grincer des dents au sommet de l’Etat. Il faut dire que l’événement est quand même mondial puisqu’il a réuni des parlementaires du monde entier mais il n’a pas obtenu le traitement journalistique qu’il mérite de l’avoir. Mais comme le député de Betroka l’a si bien dit, le régime peut se contenter des chaînes publiques et dans ce cas, il n’y a rien qui pourrait provoquer la colère de nos dirigeants actuels !
Luc Matthieu