Liberté de non expression
C’est dans une discussion avec une amie que la réflexion est venue frapper à la porte et a pris possession de la plume. Vu que le fameux code de la communication a été adopté, ou est à un cheveu de l’être du fait que le passage à l’Assemblée nationale n’est plus qu’une formalité. Il ne reste donc plus que le contrôle de constitutionnalité qui peut nous sauver de cette chose, en quelque sorte le premier signe de l’arrivée de l’apocalypse, le premier ange qui annonce la fin de ce mandat, oups, de ce monde plutôt. Alors qu’est-ce que c’est que cette liberté de non expression ? Le choix appartient à tous de la définir, d’ailleurs, la notion n’est sans doute pas la même pour tous. Car si c’était le cas, il n’y aurait pas besoin de débattre et elle aurait été rejetée depuis le début. Ce n’est pas le cas, donc la conception de ce qu’est la liberté de non expression, idem pour son alter ego. Alors pour être sur le même pied d’égalité, sur la même ligne de départ, nous allons essayer de nous mettre d’accord sur une seule conception. Elle est toute simple : la liberté d’expression, ce sera le droit et le devoir de dire ce qui est, de faire une quelconque critique sur n’importe quel sujet. Et la liberté de non expression sera le droit et surtout le devoir de ne rien dire même face à la mort. Voilà donc ce qu’il en est.
Liberté d’expression, à toi la parole. Et bien il est rare de pouvoir dire tout ce qui est, « toute vérité n’est pas bonne à dire » disait un proverbe. Et puis le mensonge est sûrement l’un des atouts les plus importants en politique. Toutefois, se taire dans une situation pareille serait purement et simplement criminel. Un attentat horrible, pire que celui du 26 juin, s’est produit à Nice, une ville française de la Côte d’Azur. « Peu avant 23 heures, un homme au volant d’un camion frigorifique blanc a foncé dans la foule rassemblée sur la très populaire promenade des Anglais pour les traditionnelles festivités du 14-Juillet. Il a fauché les personnes se trouvant sur son chemin sur une distance de deux kilomètres. 84 personnes ont trouvé la mort dont dix enfants et adolescents. 52 personnes se trouvent toujours en « urgence absolue », selon le dernier bilan du procureur de la République française. Le chauffeur du camion a été abattu après avoir tiré à plusieurs reprises sur trois policiers avec une arme de poing. Son identité a été confirmée : il s’agit de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, ressortissant tunisien de 31 ans qui disposait d’une carte de séjour. Chauffeur-livreur de poids lourd, il n’a été condamné qu’une seule, en mars 2016, à 6 mois d’emprisonnement avec sursis pour des faits de violence. Des armes en plastique et une grenade dite « inactive » ont été retrouvées dans le camion. Un deuil national de trois jours a été décrété du 16 au 18 juillet. La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « assassinats et tentatives d’assassinats en bande organisée en lien avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». » Voici comment le journal Le Monde rapporte ces évènements tragiques. Une Malgache a été malheureusement parmi les 84 victimes. Trois jours de deuil ont été décrétés par les dirigeants français. Pour les dizaines de malgaches morts dans des situations pareilles, par acte terroriste ou par imprudence de chauffard, il n’y a même pas eu une minute de silence pour les victimes de Beroroha ou pour ces enfants, sans doute déjà oubliés, qui ont péri à Mahitsy. Idem pour les blessés, pour ceux qui se sont retrouvés à l’hôpital après la célébration de la fête nationale, que ce soit pour Nice ou Antananarivo. La question qui se pose légitimement après tout cela est la suivante : après deux attentats sur deux fêtes d’indépendance dans deux pays intimement liés, est-ce conseillé de réunir ces deux pays dans un même endroit à l’occasion du sommet de la Francophonie ? Nous développerons le sujet ultérieurement.
La liberté de non expression est un devoir sacré consacré par une loi, ne rien dire peu importe la situation. Le peuple malgache a le droit de garder le silence en quelques sortes. Comme dans les séries policières où on dit ses droits à un malfaiteur qui vient d’être arrêté. Ainsi, contrairement à Hollande qui a eu l’initiative de décréter un deuil national, les malgaches ne pourront même pas montrer leur communion avec la famille de Mino Razafitrimo, la victime malgache à Nice. Comme ce fut le cas pour cette histoire d’ananas, de Beroroha, du 26 juin, de délestage ou des autres infamies dont sont victimes les 22 millions de malgaches. Au moins, l’on nous a octroyé une liberté que personne au monde ne possède, notre liberté de ne pas s’exprimer.
Ny Aina Rahaga