Bacc 2016 – 213 candidats doivent faire 93 km à pied !
Faites le calcul : en marchant normalement, un homme peut faire 5 km par heure mais durant 6 heures uniquement par jour. L’autre alternative pour ces élèves de la classe de terminale de Midongy Atsimo, dont le centre d’examen se trouve à Vangaindrano, est de payer 45 000 ariary pour un voyage de 2 jours !
Dernière ligne droite pour les élèves de la classe de terminale dans tout Madagascar puisque cet examen officiel va se tenir à partir de lundi prochain, et ce, pour 4 jours. Ces sont les épreuves finales censées terminer un cursus de 12 ans d’études des premier et second cycles qui ont débuté par la classe du jardin d’enfants pour les nantis ou celle du T1 pour l’école publique. Ces élèves ont donc passé douze longues années sur le banc de l’école et à Madagascar, on peut estimer que très peu arrivent à ce niveau. Actuellement, passer le cap de la classe de 7ème, donc obtenir le certificat d’études primaires et élémentaires relève d’un exploit et cette année, la moyenne nationale a difficilement dépassé le taux de 50%. Pour la rentrée scolaire de l’année prochaine, on peut aisément imaginer que la moitié de ces recalés du Cepe – soit un peu plus de 200 000 élèves – passeront désormais à côté du portail de l’école primaire publique et/ou privée, faute de places mais aussi de moyens financiers. Et toutes Circonscriptions scolaires dans toute l’île en sont concernées mais la situation est tout simplement pire dans les régions éloignées.
C’est le cas des candidats au baccalauréat de Midongy Atsimo qui sont obligés de passer les examens à Vangaindrano, distant de 93 km et dont la route reliant les deux districts est tout simplement dans un état de délabrement avancé comme celle qu’on trouve dans des villes ayant subi d’intense bombardement.
Caméras de surveillance
Aucun véhicule de taxi-brousse ne se hasarde à desservir ces localités et seules, quelques grosses 4×4 – dans un état épouvantable aussi – s’occupent du transport en commun. Evidemment, les frais sont largement au-dessus de la bourse populaire puisqu’ils s’élèvent à 45 000 ariary pour une population composée à 99% de pauvres gagnant moins de 2 dollars par jour. Ainsi, ces candidats seront donc obligés de se taper la distance à pied, ce qui fera 3 jours de marche pour les plus costauds. Mais il faut savoir aussi qu’une bonne partie de cette route d’intérêt provincial se trouve dans les zones rouges de la région du sud-est de Madagascar d’autant que Midongy du Sud ne se trouve finalement pas loin de Befotaka et de la sous-région de Tsivory, là où des dahalo ont montré leur force dernièrement. Ereintés de la marche et ayant échappé à la mort, les 213 candidats du district de Midongy doivent trouver sur place où poser leurs affaires, de quoi se nourrir pour le peu d’argent qu’on possède et enfin, réviser les cours.
Mais le cas de ces candidats de cette localité n’est pas unique et concerne toutes régions enclavées de l’île. Ainsi, il faut s’attendre à un taux de réussite peu élevé cette année puisqu’aucune mesure n’a été prise par le ministère pour pallier ce problème. Dans ce cas, faut-il remercier la décision des responsables de mettre des caméras de surveillance dans les salles de classe (voir aricle p.7) de la Capitale? Beaucoup diront qu’il est plus rationnel d’octroyer le budget au transport des candidats, comme c’était le cas à Antsirabe lors de la tenue du Cepe de cette année !
Luc Matthieu