La coïncidence est troublante : Njaka, le meneur de la lutte du fokonolona d’Ambatobe pour que le « kianjan’ny 80 lahy » ne soit octroyé à des étrangers, se retrouve depuis peu en prison. Il a été accusé de vol de moto appartenant à une haute personnalité, selon leurs dires, avec 5 autres membres de sa famille dont une femme enceinte. En conséquence, le fokonolona exige leur libération dans les 48 heures sinon une descente dans les rues de Tanà sera programmée !

Comme son nom l’indique, le « kianja 80 lahy » est un stade où toute la population d’Ilafy et d’Ambatobe ainsi que les écoles publiques et privées se trouvant dans ces localités et leurs environs, y fait du sport. Et durant le week-end, des matchs de football mais aussi de rugby y sont organisés si comme nous l’avons spécifié supra, le programme scolaire d’éducation physique et sportive y est exécuté durant les jours ouvrables. Son utilisation date de plusieurs dizaines décennies et il faut savoir que c’est même un lieu historique qui devrait même figurer parmi les patrimoines de la Grande Ile. « Le nom est tiré d’une histoire. A une époque, un roi, avec ses 80 soldats y ont fait halte, ce qui fait de ce terrain un bien public. Aujourd’hui, de nombreuses associations s’y donnent rendez-vous pour des rencontres sportives. Encore une fois, nous refusons toute idée de sa mise en vente », a expliqué un habitant d’Ambatobe. Effectivement, un certificat juridique en bonne et due forme a été émis par l’administration concernée et désormais, le terrain appartient à un étranger.

Décision judiciaire

Et pas plus tard que cette semaine, le litige ayant opposé la population et le nouveau propriétaire a été traité par la Justice qui a tranché en faveur de ce dernier. Du coup, cet étranger a clôturé vite fait le terrain dans la matinée d’hier même d’autant que son avocat a annoncé posséder déjà un permis de construire sur le site.

Mais peu avant cette décision judiciaire, le leader de la lutte contre la vente de ce terrain, ainsi qu’une grande partie de sa famille, ont été jetés en prison. Selon le fokonolona, il s’agit de 5 membres dont une femme enceinte qui sont accusés de vol de moto appartenant à une haute personnalité de la Justice. Pour les observateurs, la coïncidence est plus que troublante puisqu’une semaine après la mise sous mandat de dépôt de Njaka, le leader de ce mouvement, voilà que l’affaire trouve son épilogue sans que l’autre partie puisse faire appel de la décision judiciaire. C’est bien le cas de le dire puisque selon le fokonolona d’Ambatobe, tous les dossiers y afférents ont été bien sûr confiés entre les mains de leur leader qui, rappelons-le, est actuellement coincé derrière les barreaux. D’où la réclamation de sa libération dans les 48 heures par les habitants qui promettent une grandiose descente dans les rues de la Capitale, le cas échéant.

Et cet appel risque d’être entendu par différentes entités.

J.L.R