Exportation de charbon de bois – La position controversée du MEEF mise à nue
Le ministre de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts (Meef), a confirmé la suspension de l’exportation de charbon de bois. Comme motif, elle a avancé que cela a provoqué la pénurie à Madagascar et que dans la légitimité, les Malgaches doivent avoir la priorité.
Suite à l’augmentation du prix du charbon de bois, le Meef a décidé de suspendre l’exportation de ce produit. « Nous exportons près de 500t de charbon de bois chaque année. Il est important de primer la consommation locale, c’est pourquoi nous avons décidé de suspendre son exportation ». Ces propos sont de Ndahimananjara Johanita, Ministre de l’Environnement. Les dépenses en énergie domestique pèsent pour les ménages malgaches. Si l’on estime que sa consommation moyenne est de 3 sacs de charbon par mois avec le prix d’un sac de 30 000 ariary et par foyen, la dépense mensuelle, rien pour le charbon s’élève à 90 000 Ariary. Au niveau national, on estime la consommation de charbon à 1,75m3/pers/an en milieu urbain. Dans la région d’Analamanga, elle est de 100 kg/personne/an. La Grande île consomme ainsi plus de 420 000 tonnes de charbon de bois par an, soit 110 000 hectares de forêt par an. Pour Antananarivo, la demande passe 126 000 t en 2011 à 170 000 t en 2014. En 2014, la Capitale dépense 37 milliards d’Ariary pour le charbon de bois.
Diminution progressive de la production
Le scandale dans cette affaire ne concerne pas seulement la hausse du prix et la pénurie du charbon, mais également et surtout la déforestation excessive. Tous les rapports d’études confirment que le besoin en combustible ménager, dont la fabrication de charbon et l’utilisation de bois de chauffe, demeure l’une des premières causes de la dégradation forestière à Madagascar. Le dernier rapport du ministère concerné a précisé que les surfaces forestières malgaches continuent de diminuer chaque année. Pour éviter que Madagascar devienne un désert d’ici 2050, tous les écologistes et experts en environnement insistent sur la diminution de l’exploitation de la forêt pour le besoin en combustible. Le ministère de l’environnement est conscient de cette situation et a de multiples programmes sur la promotion d’autres sources d’énergies. Normalement, si le régime veut réellement combattre la déforestation, des mesures strictes allant dans la diminution progressive de la production de charbon de bois doivent être appliquées.
La moitié des surfaces détruites
La décision de l’Etat d’octroyer une autorisation d’exportation de charbon ne fait qu’empirer la déforestation. Certes, les responsables vont expliquer que les produits à exporter sont issus des forêts plantées mais cela ne justifie en rien. En effet, les arbres plantés ne suffisent même pas à assurer les besoins nationaux, alors que la majorité de la population malgache utilise encore du charbon produit à partir des arbres coupés illicitement. Les experts forestiers expliquent que l’exploitation à vocation économique reste l’une des principales menaces sur les forêts malgaches. Une statistique fiable de la Fao précise que près de 2,146 millions de mètres cubes d’arbres ont été extraits chaque année dans les forêts et 706 000 m3 dans d’autres surfaces boisées. Un rapport de la gendarmerie nationale démontre pareillement que le reboisement ne couvre que la moitié des surfaces détruites chaque année.
Dans le classement mondial, Madagascar se trouve à la septième place des pays qui sont reconnus comme étant les plus destructeurs de forêt au monde. Un rapport sur la situation forestière dans le monde avance que d’après les estimations, il ne reste que près de 10 millions d’hectares de forêts primaires dans la Grande île. Les principales causes de cette disparition flagrante auraient des liaisons étroites avec l’activité humaine, notamment le besoin en combustible, les feux de brousses, l’extension des activités agricoles, les exploitations minières et forestières, ainsi que le changement climatique. Une autre étude rapporte que si la déforestation actuelle continue, il risque fortement que Madagascar n’ait plus de forêts à l’horizon 2050.
Dom