Que ce qu’on mérite
Bon nombre de lecteurs diront que nous prenons trop de référence sur les pays scandinaves notamment la Suède, mais pour notre défense, il n’y a pas de mal à prendre exemple dans des pays qui ont réussi là où le nôtre n’a même jamais mis les pieds. Cette fois, ce qui nous a interpellé, et toujours face à notre situation actuelle, c’est le système des amendes en Suède. Il s’agit particulièrement des amendes récoltées suite à des contraventions pour infraction au code de la route. Bien sûr, il n’est pas besoin de rappeler que tout le monde est soumis à ce code de la route là-bas, contrairement à ce qui se passe chez nous. A Madagascar, il semble que tout le monde, après avoir passé et décroché le permis, est exempté de suivre cette loi qui régit la circulation des véhicules sur la chaussée. Et l’exemple vient d’ailleurs d’en haut car ces derniers temps, le bouton de détresse sert à transformer n’importe quel véhicule en véhicule prioritaire. On ne sait par quelle magie ce bouton marqué du triangle rouge donne d’un coup autorité à n’importe quel chauffard et lui permet de faire comme bon lui semble sur la voie publique. Accompagné de ce bruit assourdissant de sirène que l’on entend à des milliers de kilomètres à la ronde et on sait que le grand chef sort de sa maison et qu’il va falloir lui laisser le passage, nettoyer sa route.
Nous parlions de ce système des amendes au pays du légendaire Zlatan Ibrahimovic et du groupe Abba bien évidemment. Et bien figurez-vous que chez eux, d’abord on paie les amendes comme tout pays civilisé lorsqu’on commet des infractions. Mais ensuite, ces amendes sont reversées, tenez-vous bien, aux bons conducteurs qui eux font l’effort de suivre le code de la route. Ainsi, le système veut que les mauvais conducteurs payent donc et que les bons conducteurs reçoivent cet argent en guise de bonus. Un système de récompense qui sert à encourager la bonne conduite chez les gens. S’il est appliqué chez nous, on se demande quel serait le résultat ? Certainement, nombreux conducteurs marmonneront qu’il s’agit d’une injustice mais aussi tenteront encore d’esquiver le système encore. Ces derniers temps, l’affaire et les grognes des taxis de la capitale face aux agissements d’un responsable au niveau de la mairie et de ses mercenaires font grand bruit. Il est bien sûr incompréhensible qu’en trois semaines, 300 taxis soient sanctionnés. Mais d’un autre côté, le fait est que c’est la loi dans son ensemble qui est bafouée par les usagers et bien sur les hauts dignitaires de l’Etat. Et c’est d’ailleurs ces derniers qui devraient faire aux usagers de la route qui s’écartent malgré eux, un gros chèque avec énormément de zéro pour les compenser du dérangement occasionné. Plus qu’une pratique recommandé, le système suédois est un art de vivre, une preuve de la nécessité de civisme dans une société mais aussi un apprentissage du respect de l’autre.
Bien sûr, cet exemple pris aujourd’hui n’est qu’un exemple pour montrer et démontrer que l’on a que ce que l’on mérite. Le désordre qui règne chez nous n’est que le résultat logique de nos pratiques et de la dégradation de nos mœurs et de notre savoir-vivre depuis bien longtemps. Et en premier de l’insouciance et de la non-considération dont les dirigeants font preuve actuellement vis-à-vis de la population toute entière. Monsieur ne devrait pas klaxonner à tout bout de champ, dès que sa belle voiture toute neuve s’arrête deux secondes à un embouteillage. Ceci alors que le simple citoyen doit se résoudre à perdre des heures et des heures dans les bouchons et à utiliser des chaussées dans des états pitoyables. Madame ne devrait point se garer là où ça lui chante juste parce que ses vitres sont teintées du noir le plus sombre et qu’une cocarde est posée là sur sa planche de bord. Ceci alors que les usagers écopent d’une forte amende lorsqu’ils quittent leurs véhicules et vont payer leurs tickets de stationnement. Mais voici donc ce qu’on mérite à force de ne penser qu’à soi, et cette fois, cela concerne chacun d’entre nous. Nous même ne respectons pas notre code de la route, sûrement la plus simple des lois jamais promulguées. Comment voudrions-nous que les étrangers qui viennent investir dans ce pays respectent eux leurs obligations et surtout le peuple qui leur impose cela ? Si nous ne pouvons même pas lutter contre le non-respect du code de la route et des usagers de la route, comment lutterions-nous contre la corruption, les trafics de richesses naturelles ou les trafics humains ? C’est tout bonnement impossible, nous n’avons que ce que l’on mérite.
Ny Aina Rahaga