Investissement à risque
Tout le monde sait que les Jeux Olympiques de Rio débuteront ce jour, l’évènement est planétaire, comme à chaque fois. Les yeux seront une fois de plus rivés sur le pays du football et sur le stade Maracana où se déroulera la cérémonie d’ouverture de ces jeux. Mais moins populaire auprès des malgaches, les jeux de la Cjsoi ou Commission de la Jeunesse et des Sports de l’Océan Indien se sont déroulés chez nous depuis plusieurs jours déjà. Et ces jeux là seront clôturés aujourd’hui pour laisser place donc aux Jeux olympiques, un évènement bien au-dessus de ce qui s’est passé chez nous. Les jeux de la Cjsoi sont presque passés inaperçus aux yeux du grand public malgache. Or, les mobilisations matérielles et financières n’ont pas été moindres. D’ailleurs, nous ne nous trouvons qu’au 4ème rang en termes de médaille gagné, ce qui est un piètre résultat pour le pays d’accueil. Le fait est qu’aujourd’hui, il semble que les jeux de la Cjsoi n’aient rien rapporté de réellement positif pour Madagascar.
Un milliard 500 millions de Francs malgaches, voilà le budget que les dirigeants ont bien voulu octroyer à la délégation malgache qui devait représenter le pays lors de ces jeux. Le premier problème, c’est que les staffs techniques, les entraineurs et les accompagnateurs de nos représentants affirment n’avoir rien perçu d’indemnité depuis le début de cet évènement. Où est donc passé le milliard 500 millions, ce peu de chose que l’on a bien voulu accorder à la délégation malgache ? Alors que certains des dignitaires du régime arrivent à se payer des voyages pour aller voir la dernière finale de la Champions League à Milan. Ensuite, des athlètes se sont plaints des conditions dans lesquelles ils devaient concourir. L’une d’entre eux après avoir perdu en saut en hauteur a tout de suite été envoyée courir le 400 mètres haies et par la fatigue, a encore perdu. Cette jeune sportive malgache s’est plaint du fait qu’elle n’était pas destinée à faire le saut en hauteur mais faute de représentant malgache, elle a été obligée par son entraineur à sauter. Logique, elle a perdu mais tout de suite après, elle a encore été obligée de faire l’épreuve des 400 mètres haies. Fatiguée par le saut en hauteur, elle s’est retrouvée à la seconde place pour la course. Elle aurait pu et dû gagner donc si seulement une telle bourde, un tel non-sens ne lui avait pas été imposé, ce qui aurait pu nous rapporter une petite médaille d’or. Du côté des spectateurs, ce n’est pas mieux, car dans les épreuves et dans les lieux de compétition, on constatait très peu de malgaches, et encore moins d’étrangers. En somme, à la clôture de ces jeux, aucun retour sur investissement n’a pu être réalisé par les organisateurs et les dirigeants. Or, des évènements de ce genre devraient non seulement valoriser le potentiel malgache mais aussi augmenter l’affluence des touristes dans la Grande île. Du côté des jeux olympiques, on attend de voir ce qu’il en sera. Tout le monde sait qu’une partie considérable de la population brésilienne désapprouve complètement la tenue de ces jeux. Du fait que les investissements ont coûté trop cher au pays et que les scandales de corruption et de trafic d’influence ont entaché l’organisation des Jeux de Rio pour cette année. Toutefois, 11 milliards de dollars ont déjà été investis par le Brésil pour accueillir comme il se doit cet évènement sportif, loin d’être les jeux de la Cjsoi. Mais pour le Brésil, il est certain que les 11 milliards de dollars dépensés pour cet évènement ne seront pas perdus en vain. Le Brésil attire énormément de touristes et il est sûr que les stratégies pour rentabiliser ces jeux sont déjà en place, que ce soit pour les dirigeants ou pour le petit peuple. Malgré les scandales de corruption et les investissements pharaoniques faits pour accueillir les sportifs du monde entier, dont une délégation malgache, le Brésil s’en sortira sans doute vainqueur.
Les jeux de la Cjsoi d’Antananarivo comme les jeux olympiques de Rio peuvent être classés comme des investissements à risque. Il en revient à chaque pays organisateur de le rentabiliser au maximum et d’en tirer le meilleur profit possible. Il est clair que l’Etat malgache a encore une fois, une fois de plus, une fois de trop, échoué. Rien de concret n’a pu être obtenu alors que l’évènement sera clôturé ce jour. Tout au contraire, nous n’avons fait que nous dépenser, et nos athlètes ont sué pour pas grand-chose. Ceci confirme une fois de plus que les investissements faits à Madagascar sont des investissements à risque. Jamais la population n’en tire avantage, et les étrangers après avoir tout raflé, comme les médailles, rentrent chez eux en ne laissant plus rien sur place.
Ny Aina Rahaga