Ambovombe dans le noir – La population dans la rue !
Durant toute la semaine du baccalauréat, l’électricité a complètement fait défaut dans ce district de la région d’Androy, et par conséquent, les candidats n’avaient d’autres choix que de réviser à la lueur des bougies, enfin, si le moyen financier l’a permis. Il faut savoir d’abord que le Grand sud figure parmi les régions les plus pauvres de Madagascar et est surtout victime d’une insécurité toujours grandissante. Effectivement, dès qu’on parle de « dahalo », on fait tout de suite référence cette partie de la Grande Île dont les districts d’Ambovombe pour la région de l’Androy et de Betroka pour la région de l’Anôsy sont les plus concernés. Rappelons aussi que les enfants, jeunes et mères de ces deux régions sont chaque année victimes de la malnutrition aigüe au minimum sinon carrément de la famine. A Ambovombe comme à Betroka, à Tsihombe ou encore dans d’autres districts du sud, le taux de chômage atteint facilement 80% des jeunes en âge de travailler qui se tournent vers l’agriculture et l’élevage alors que le climat chaud et sec de cette partie de l’île ne permet pas de développer ce secteur primaire. Pour ce qui est du tissu industriel, on peut dire qu’il n’existe pratiquement pas et seule, l’usine qui traite le sisal permet à quelques centaines de personnes d’avoir du travail.
Dans ce cas, arriver au niveau terminal de l’enseignement secondaire relève d’un long et difficile combat et pour les observateurs, d’un miracle.
Choix multiple
C’est bien le cas de le dire puisque pour la plupart des jeunes d’Ambovombe et des autres districts environnants, Bekily, Beloha Tsihombe, Betroka, et Ampanihy, le choix est loin d’être multiple si l’on n’a pas la ténacité pour réussir son cursus scolaire : devenir dahalo et se faire tuer par les gendarmes ou le fokonolona, ou devenir bouvier et se faire assassiner par les dahalo, ou encore devenir des contrebandiers de « jamala », se faire arrêter par les forces de l’ordre, passer des années en prison et finir « dahalo », par conséquent, pour se faire tuer par les gendarmes ou le fokonolona. Mais si l’on a beaucoup de chances, ces jeunes vont essayer de quitter ce bled oublié par les tenants du pouvoir pour devenir « sécurité » ou « gardien » dans les grandes agglomérations comme la ville des mille et la cité des fleurs, ou bien « manœuvres » dans les carrières de mines ! Bref, il n’y a pas tellement d’options pour les zanak’Androy et apparemment, c’est une politique voulue par certains dirigeants. Effectivement, beaucoup n’ont pas compris pourquoi justement l’électricité fait défaut au moment où le plus important des examens officiels se tient. Selon nos sources, le problème vient de l’approvisionnement en carburant du central électrique d’Ambovombe, à cause de la panne du camion-citerne chargé de son transport. Pour la population locale, la pilule est un peu trop gros à avaler, d’où la descente dans la rue pour réclamer le rétablissement de l’électricité hier.
En tout cas, ce sont les candidats au baccalauréat qui ont payé le prix fort.
J.L.R