Tout dans le paraître !
Comment ne pas s’émouvoir lorsqu’on voit enfin la délégation malgache aux Jeux olympiques qui s’est parée des plus beaux habits traditionnels malgaches. Le drapeau national porté haut et fièrement par la délégation qui ne démérite pas devant celle des autres. Mais le charme est vite rompu quand le commentateur annonce : « voici la délégation malgache, plus d’officiels que d’athlètes, mais une forte délégation quand même ». Une note triste et fâcheuse en même temps mais pourtant ne fait que relater la réalité des malgaches et surtout de ses dirigeants. La pauvre délégation malgache n’est composée que de seulement 6 athlètes. Bien sûr, il y a le minima à atteindre pour être qualifié aux Jeux Olympiques. Mais s’il a été possible de mobiliser des moyens pour envoyer à Rio une délégation en majorité composée des officiels, n’aurait-on pas pu donner la possibilité à quelques athlètes en plus de participer à l’histoire ? Pour que quelques athlètes de plus aillent défendre ou au moins faire connaître Madagascar au monde entier ? Cela nous aurait évité des commentaires aussi désobligeants que « plus d’officiels que d’athlètes ».
Toutefois, nous pouvons nous dire aussi que faute d’athlètes et de sportifs assez performants, si c’est le cas, nous avons choisi de compenser le manque par une multitude de gens partis faire du shopping en Amérique du Sud, en touriste au Brésil. Pourtant, il serait incroyable de penser que parmi les 23 millions de malgaches qui résident sur cette île créée de la main de Dieu lui-même, il n’y a pas plus de 2 ou 3 vrais athlètes capables de se présenter en candidats aux Jeux Olympiques. Il est impensable que parmi nous tous ici, il n’y en a pas plus de 6 qui ont pu être poussés à atteindre le niveau requis pour la participation à cet évènement planétaire. Il est à noter que dans la participation aux Jeux de Rio et aux Jeux Olympiques depuis toujours ne nécessite aucune participation financière de la part des délégations. Seulement, comme nous l’avons dit, il y a ce minima à respecter. Ainsi, le régime en place n’avait pas à sortir un sou de sa poche pour que le pays soit dignement et normalement représenté. Donc on peut supposer qu’un peu plus de budget, de moyens aurait pu être mis à disposition de nos athlètes et de nos sportifs de haut niveau. Ceci afin que ces derniers puissent se préparer comme il se doit dans le but de participer à cette compétition. Pourtant, rien de ce genre n’a été fait alors qu’il n’y a pas si longtemps on accueillait les jeux de la Commission de la jeunesse et des sports de l’Océan Indien. Ce qui pouvait déjà motiver une préparation de nos athlètes à aller au Brésil. D’ailleurs, on était si fier de se retrouver au premier rang en termes de médaille gagné la semaine dernière. Alors pourquoi nous avons bénéficié ce genre de commentaire lors du passage de la délégation malgache ? Dans tous les cas, il est évident que ce qui se passe n’est qu’une autre confirmation de plus de l’importance qu’accordent les dirigeants aux citoyens malgaches mais surtout de ce qu’il en est de la fierté nationale pour ces derniers. Tous les pays qui participent à cet évènement s’y sont préparés depuis au moins une année. Et soyez assurer qu’aucun d’entre eux n’ont présenté dans leurs délégations plus d’officiels venus parader que d’athlètes venus pour combattre et porter haut les couleurs de leurs Nations. Quoi qu’on dise, il est clair, et la participation aux jeux le reflète, que l’avenir ou même le présent du pays importe peu aux yeux de ceux à qui on a confié la direction de notre navire.
Il est évident que depuis le jour de l’accès au trône jusqu’à maintenant, le paraître a toujours primé par rapport à ce qui est essentiel, voire vital. Tout d’abord, une multitude de voitures tout terrain et des dispositifs de sécurité digne des plus grands seigneurs de la planète. Ceci alors que les 93% des malgaches vivent dans l’insécurité la plus totale et doivent payer de leurs vies pour pouvoir s’offrir un ticket de bus. Ensuite, des banquets fastueux avec des habits flambant neufs, alors que nos nombreux compatriotes trouvent à peine de quoi manger une fois dans la journée et deviennent les proies du froid la nuit tombée. C’est assez d’exemples avec une délégation composée en majorité d’officiels et un nombre d’athlètes qu’on pourrait compter avec les doigts d’une main. Ces derniers qui ont quand même réussi à faire du paraître un atout et une fierté pour tout un peuple, ce que les dirigeants n’ont pas pu faire jusqu’à ce jour. Ainsi, nous leur souhaitons bonne chance pour la suite et sommes de tout cœur avec eux.
Ny Aina Rahaga