Mémoire nationale – Il y a 25 ans de cela, le 10 Aout 1991
L’histoire ne s’oublie pas et cela s’applique particulièrement lorsqu’il s’agit de l’histoire de toute une Nation, de tout un peuple. Il y a presque 25 ans aujourd’hui, une grande marche menée par les leaders politiques tels qu’Albert Zafy, Manandafy Rakotonirina, feu Richard Andriamanjato se dirigeait sur le palais présidentiel d’Iavoloha pour contraindre son locataire à quitter le pouvoir. Cette marche avait réussi à franchir tous les barrages érigés par les forces de l’ordre pour empêcher les manifestants d’atteindre le palais présidentiel. Mais comme la foule avançait sans halte, et était arrivé aux portes d’Iavoloha, on se rappelle tous comment les éléments du Resep ou Régiment de la Sécurité Présidentielle avaient réagi. Il y a 25 ans de cela, Madagascar faisait face pour la première fois à un vrai massacre et pour la première fois, des soldats tiraient sur des manifestants. Le premier bain de sang que le pays a connu pour une lutte de pouvoir entre politiques. Jamais, la justice n’a pu établir les responsabilités dans cette tuerie même si les leaders politiques de l’époque ont promis justice. Pour les meneurs de la marche et non moins leaders de l’opposition, le locataire du palais présidentiel était le responsable tout désigné.
A quel prix ?
De leurs côtés, ces leaders de l’opposition n’ont jamais pu écarter le poids de leur éventuelle responsabilité. On avait déjà évoqué une responsabilité partagée parce que, d’un côté, il y a ceux qui encouragé et emmené une foule marcher sur un palais présidentiel abritant un camp militaire. De l’autre côté, ceux qui ont tiré sur la foule n’ont fait que mettre en œuvre un protocole de défense du camp mais ayant provoqué la mort de milliers de citoyens sans défense. Depuis ces évènements, l’histoire du pays n’a plus jamais cessé d’être ponctuée de tragédies semblables. Les leaders politiques ont en fait une pratique ou plutôt un mode d’emploi pour parvenir à leurs fins, conquérir le pouvoir et arriver à la tête de l’Etat. Dans la logique de la pratique de certains politiques, la conquête du pouvoir devra nécessairement passer par le sacrifice des innocents et la manipulation des citoyens malgaches en quête de changement. En 1991, ce fut en quelque sorte les prémices de ce qui semble devenir donc un passage obligé pour le pays à chaque changement de régime. Puis, viennent les évènements de 2002 qui ont permis à Marc Ravalomanana d’évincer Didier Ratsiraka et de prendre le pouvoir. Idem pour ceux de 2009 qui ont vu le massacre de plusieurs personnes devant le palais présidentiel d’Ambohitsirohitra. Pourtant, jusqu’à ce jour, toutes ces sacrifices de ces milliers de compatriotes qui ont versé leur sang n’ont servi à rien. Le pays se trouve toujours dans l’impasse et semble y être pour un bout de temps encore. La question est de savoir a quel prix obtiendrons-nous un vrai changement car la lutte continue toujours jusqu’à aujourd’hui.
Ny Aina Rahaga