L’expérience vécue par Hariliva Rajaonarivelo : « Je ne souhaite à personne de vivre un moment pareil ! »
Le tragique attentat survenu le 14 juillet 2016 à Nice, sur la promenade des Anglais, reste encore gravé dans la mémoire des victimes. Une expérience traumatisante qui a laissé des séquelles mais également une famille malgache est en deuil suite à la perte de sa bien aimée Mino Razafitrimo. Cette dernière qui avait sacrifié sa vie en voulant aider un pauvre enfant sans défense, exactement sur la trajectoire du camion.
Triste réalité
« On vit dans un monde de guerre ». C’est la triste réalité. Les terroristes n’épargnent aucune vie humaine qui se trouve sur leur passage. Et pourquoi ? Pour la volonté d’Allah comme ils le sous-entendent. Ne pas confondre cependant musulman et terroriste. D’ailleurs, le coupable de cet attentat sur la promenade des Anglais était un converti d’il y a quelques mois à peine. Le contrecoup des attentats est souvent difficile à vivre pour les musulmans qui n’ont rien à voir avec ces terroristes. Un amalgame à éviter. Effectivement, un grand Imam avait clairement déclaré qu’il était injuste d’attribuer à l’islam ces crimes accomplis par des explosions et destructions. Le but de ceux qui avaient suscité cette terrible tragédie du 14 juillet à Nice était d’envoyer des grenades dans le tas de personnes rassemblées sur la promenade des Anglais. Mais comme les feux d’artifice se sont terminés dix minutes plus tôt que prévu, ceux-ci avaient tenté le tout pour le tout en dirigeant le camion sur la foule et en tirant partout où ils le pouvaient. Aujourd’hui encore, Hariliva Rajaonarivelo revit cette scène qui était vraiment traumatisante pour elle et sa famille.
Retrouvailles en famille
Trois ans qu’elles ne s’étaient pas vues, Hariliva a profité pour rendre visite à sa famille à Nice et comptait ainsi passer une semaine avec sa cousine la plus proche, Mino. Un instant rêvé mais qui avait vite tourné au drame à la fin des feux d’artifice. L’attaque, qui visait toutes les personnes présentes sur le lieu, était en effet survenue, sans aucun avertissement, comme un orage en plein été à Madagascar. Pourtant, les personnes étaient nombreuses à assister au spectacle. Dans le cas de Mino Razafitrimo, celle-ci était accompagnée de ses enfants en plus de sa cousine Hariliva et de ses voisins venus également en famille. Le mari de celle-ci étant encore en déplacement à ce moment-là. Personne ne se doutait de ce qui se passait réellement avant d’avoir pu être informé de la situation ensuite par la presse. Hariliva pensait même n’avoir affaire qu’à un accident, un simple camion avec un frein qui ne répondait plus. « Je ne pensais qu’à ma sœur, je n’étais au courant de rien. Du coup je n’avais pas peur. »
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Après la tuerie au journal Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, voilà que les terroristes s’en prennent de nouveau à de pauvres innocents venus simplement assister au feu d’artifice de la fête nationale. Aucun de ceux qui étaient présents ce jour-là ne se doutaient du drame qui allait se produire. Au moment où le camion fonçait sur les gens, les mots « Attentat » ou « Terrorisme » ne viennent pas immédiatement traverser l’esprit des victimes. La panique s’étant déclenchée, le but de chacun était de sauver sa peau. « Chacun pour soi et Dieu pour tous », une formule des plus anciennes qui prennent souvent le dessus dans des moments pareils. Au cœur de cette foule en panique se trouvaient Mino et sa famille. Mino qui a, par la suite, donné sa vie pour sauver celle d’un enfant qui se situait pile sur la trajectoire du camion. Tous deux se trouvaient précisément dans « l’œil de l’ouragan » mais avaient quand même tenté par tous les moyens de rejoindre le trottoir. Pendant que Hariliva et les enfants s’en sont sortis sains et saufs, Mino, quant à elle, gisait déjà à terre car fauchée par le camion. Celle-ci respirait encore à ce moment-là. Il restait encore une lueur d’espoir pour ses proches. Mais une fois à l’hôpital, tout était perdu.
Sauvée de justesse
Selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur français, 84 personnes avaient trouvé la mort ce jour-là dont 10 enfants et adolescents. Au total, 202 patients avaient été pris en charge dans les établissements de santé des Alpes-Maritimes. 52 étaient en urgence absolue, dont 25 en réanimation. Mino Razafitrimo avait subi un traumatisme crânien ; son cerveau a été déplacé suite au choc qu’elle avait reçu, telle est la cause de sa mort. D’autres blessés avaient notamment réussi à s’en sortir mais le cas de Mino a été vraiment grave. Quand à Hariliva Rajaonarivelo, elle se trouvait à seulement un mètre de sa cousine au moment du drame, mais elle avait tenté le tout pour le tout de plonger de l’autre côté de la route afin de s’assurer que ses neveux étaient bien en sécurité. Un mètre l’avait éloignée de sa cousine ; un mètre qui l’avait également épargnée de la mort. « J’ai eu la chance d’être sauvée », avait-elle dit. Son message à toutes les personnes qui « vivent les attentats chaque jour », il faut avoir du courage mais surtout avoir la foi.