Eduquer pour abrutir
De la sagesse que le roi Salomon avait demandée à Dieu lui-même, il avait pu dire un jour « Éduque l’enfant selon sa voie ; même quand il grandira, il ne s’en départira pas ». Et de cette phrase, l’on peut comprendre tout le but de l’éducation de l’enfant et de l’Homme lui-même. Cela peut sembler très philosophique mais pourtant, pour bien mettre toutes les chances de son côté, il est nécessaire de savoir les tenants et aboutissants d’une éducation. Pour certaines personnes, il s’agit juste de s’instruire comme tous les autres hommes, acquérir les diplômes que tout bon élève doit avoir et ce pour se trouver un emploi stable, sans grand mouvement mais qui rapporte assez pour survivre. Pour d’autres, s’instruire consiste carrément en une aventure de découverte, de recherche et d’éternelle insatisfaction. Mais l’éducation représente un enjeu plus grand encore pour un pays. Si le pays veut miser sur l’avenir, il tablera tout sur l’éducation de ses enfants et de ses citoyens. Nelson Mandela lui-même avait dit que « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on peut utiliser pour changer le monde ». Ainsi, pour changer le destin d’un pays presque perdu, il n’y a que dans l’éducation de la progéniture qu’il faut investir.
Madagascar et ses dirigeants actuels n’ont pas encore compris cette chose et c’est d’ailleurs pour cela que 46% des malgaches sont encore analphabètes à ce jour, que les taux de réussite aux examens officiels ne dépassent pas ou peu les 50% et que seulement 2 malgaches sur 100 utilisent internet en plein 21ème siècle. Ces statistiques révèlent un manque flagrant de l’Etat à son devoir de garantir une éducation pour tous, ou du moins pour les plus fragiles d’entre nous, les plus oubliés de la société moderne. Mais il est une chose pire encore que de ne pas avoir été éduqué ou de ne pas avoir reçu les enseignements nécessaires pour l’obtention d’un diplôme afin de figurer dans les quelque 40% de réussite au Cepe ou des 50% de réussite au Bepc. Car l’éducation qu’on nous livre actuellement est celle où l’on fait acquérir à nos enfants assez de connaissances pour qu’ils croient en ce qui leur est enseigné mais qu’on ne les enseigne pas assez pour qu’ils comprennent et se questionnent sur ce qu’ils auront appris. Cet enseignement là est dangereux et peut être fatal au pays. Pourtant, c’est celui-là même que nos dirigeants donnent à nos enfants depuis quelques temps. Et c’est ce que l’on tente d’imposer aux 23 millions de malgaches aussi, pour que l’on ne soit plus que des abrutis exécutant les ordres sans réfléchir. Incapable par la suite de porter la moindre critique ni de formuler la moindre idée à l’encontre des dirigeants, voilà le but visé.
D’ailleurs, l’objectif a été concrétisé dès que la Haute Cour Constitutionnelle avait déclaré conforme à la Constitution ce code de la communication bidon. Un code qui doit régir pourtant la liberté d’expression et la liberté de presse, mais qui pourtant la** déracine complètement pour ensuite la broyer et en faire un amas de cendres que l’on pourra contempler au musée des vestiges archéologiques. En effet, sous prétexte de vouloir responsabiliser les citoyens en général et la presse, en particulier, les tenants du pouvoir ne cherchaient qu’à effacer toute trace de la liberté. Ceci afin qu’ils n’aient vraiment plus à faire aux possibles critiques que l’on pourrait porter à leur encontre. Charlie Chaplin avait dit un jour que « les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir mais ils font un esclave du peuple. ». C’est bien le cas de le dire à Madagascar car depuis que nos chers dirigeants dans leur infinie sagesse et leurs connaissances ont accédé au pouvoir, ils n’ont cherché qu’à soumettre le peuple. Combien de fois avons-nous vu les manifestations populaires, un des moyens d’expression de la multitude, être matées par les forces de l’ordre ? Ou des meneurs syndicaux et des leaders de mouvements estudiantins se faire tabasser à coup de matraque juste parce qu’ils réclamaient leurs dus ? Voilà ce qu’il en est dans notre pays actuellement, on cherche à nous « éduquer » pour mieux nous abrutir et faire de nous des soumis. Mais que ce soit clair, ce n’est pas un code de la communication fallacieux et sournois ou encore une fausse éducation qui fera que les malgaches se livreront de nouveau à l’oppression, tout au contraire. Pour conclure, Aristote lui avait dit qu’ « éduquer l’esprit sans éduquer le cœur n’est pas une éducation en soi ». Et il est clair que le cœur des malgaches est loin d’être dans les dirigeants actuels.
Ny Aina Rahaga