Hausse des droits d’inscription pour les Epp – Nouveau système d’élimination en place !
On se demandait ce qui allait suivre après les taux d’échec battant tous les records depuis des années dans les examens officiels de cette année. Et bien, cette fois-ci encore, les responsables de l’éducation nationale ne se sont pas gênés pour amputer, une bonne fois pour toutes, la scolarisation et l’éducation des enfants malgaches. Alors que l’objectif du développement numéro 4 consiste à « garantir une éducation de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous », le combat est d’ores et déjà perdu pour Madagascar. On prive petit à petit les enfants malgaches d’éducation et ce par tous les moyens possibles et imaginables.
La prochaine année scolaire va être dure à entamer pour les ménages malgaches qui doivent, malgré eux, envoyer leurs enfants dans les Ecoles primaires publiques (Epp) faute de moyens. Nombreux en effet sont ceux qui ne peuvent inscrire leurs enfants dans des établissements privés qui pourtant pullulent dans la capitale et dans toute la Grande île. Mais dans le souci de donner ne serait-ce qu’une petite chance d’un avenir meilleur à leur progéniture, ils se tournent vers l’enseignement public qui est dispensé gratuitement par l’Etat. Or, nul n’ignore la très mauvaise qualité des enseignements dispensés dans nos établissements publics, surtout dans les écoles primaires publiques. D’ailleurs, cette mauvaise qualité est l’un des facteurs qui pousse les enfants à quitter l’école en cours de route en choisissant plutôt d’aller travailler et de rapporter quelques sous à la maison. Pour l’année scolaire 2016-2017 donc, cette mauvaise qualité d’enseignement, car on ne parlera plus d’éducation, devra se payer 20.000 Ariary par enfant. Soit 7000 Ariary de plus que pour cette année au début de laquelle le droit d’inscription s’élevait déjà à 13.000 Ariary. Pour les principaux concernés, cette charge est trop lourde car l’année précédente, trouver les 13.000 Ariary relevait déjà d’un parcours du combattant. Pour bon nombre de ménages malgaches, cette somme représente en effet le moyen de subsistance durant un peu moins de deux semaines, et il n’est pas utile de souligner que cet argent se cherche du jour au lendemain. De ce fait, on peut déjà imaginer que pour l’année à venir, le taux de scolarisation des enfants malgaches au primaire s’abaissera au niveau des quelque 40% de réussite au Certificat d’études primaires élémentaires (Cepe).
Contrepartie
Ces dernières semaines, les responsables au sein du ministère de l’Education nationale se sont targués d’offrir des kits scolaires, avec une augmentation du nombre d’effets scolaires les composant, aux enfants inscrits au primaire dans les écoles publiques pour l’année prochaine. Allant jusqu’à dire que les kits n’ont jamais été aussi de bonne qualité depuis toujours à Madagascar et qu’il s’agit surtout de faciliter la scolarisation des enfants malgaches. Toutefois, ces derniers semblent avoir oublié de préciser que ces kits scolaires de qualité augmentés en nombre se paieraient cher de la poche des parents. Une contrepartie bien juteuse demandée par l’Etat donc aux enfants de Madagascar qui n’aspirent qu’à une éducation viable et de bonne qualité. Selon le Bureau International du Travail (Bit), 28% des enfants malgaches sont des travailleurs et en général, ils sont âgés de 5 à 17 ans. A cet effet, le directeur général du Bit avait souligné lors de la célébration de la journée mondiale contre le travail des enfants que « sans une éducation adéquate, les enfants qui ont été astreints au travail risquent plus que les autres d’avoir, une fois adultes, un travail précaire et mal rémunéré ou d’être chômeurs. » Pour les temps à venir, ce présage risque fort de se réaliser pour le pays, et il semble que c’est le but recherché dans cette nouvelle décision du ministère de l’Education nationale. Selon la description de l’Objectif du développement durable numéro 4, « Mener à bien une éducation de qualité pour tous réaffirme la croyance selon laquelle l’éducation est l’un des piliers les plus solides et éprouvés du développement durable ». A cette allure, il est clair que le développement durable ne sera pas encore pour Madagascar.
Régis Kabary