Si le ciel d’Air Madagascar semblait s’éclaircir depuis sa sortie de l’annexe B de l’Union Européenne, le destin de notre compagnie aérienne nationale vient pourtant d’être scellé par le ministre du Tourisme, peut être une bonne fois pour toutes. Ce dernier n’en démord pas, quant à la question de privatiser ce symbole de souveraineté et fierté de la Nation malgache, et a cette fois annoncé clairement son intention de vendre Air Madagascar. Pourquoi et au profit de qui ? On ne le saura que quand ce dessein d’abattre le « vorom-be tsara dia » sera accompli.

Selon les indiscrétions au niveau du ministère du Tourisme, le ministre Roland Ratsiraka n’aurait pas abandonné son idée de privatiser la compagnie aérienne malgache. Ce dernier a indiqué qu’il défendra envers et contre tous le projet de privatisation de la compagnie aérienne Air Madagascar. Le mutisme observé depuis assez longtemps déjà sur ce sujet n’était donc qu’une pause pour faire oublier à l’opinion cette idée malsaine de vendre la compagnie aérienne nationale. Ce projet a, en effet, été maintes fois contesté et critiqué par les employés de la compagnie mais aussi par l’ensemble des forces de la Nation, politique et civile et par chaque citoyen conscient de l’importance de garder Air Madagascar propriété malgache. Cette affirmation survient justement après que Madagascar est sorti de l’annexe B. Pour rappel, le comité aérien de la sécurité européenne a décidé, le 16 juin dernier, de retirer Air Madagascar de l’annexe B de la liste des compagnies aériennes interdites de voler dans l’espace européen. Inscrite depuis 2011 sur cette annexe, Air Madagascar n’était jamais parvenue à en sortir malgré une dizaine d’évaluations. Aujourd’hui,  elle peut tant bien que mal poursuivre ses activités malgré une situation financière toujours assez critique. Ce retrait de la liste, selon les responsables, permettrait de rechercher un nouveau partenaire stratégique alors que la compagnie nationale malgache a enclenché un plan de redressement pour remettre ses comptes à l’équilibre.

Perte de contrôle

Pour Roland Ratsiraka, le plan de redressement se fera uniquement par le biais d’une privatisation et cela semble la seule alternative pour que la compagnie se porte mieux. Toutefois, l’Etat va demeurer actionnaire minoritaire, le fait qu’il n’aura plus de pouvoir décisionnaire au sein de la société. Dans tous les cas, l’appel d’offres relatif à ce projet sera lancé avant la fin de l’année et la privatisation sera donc effective dans le courant de l’année prochaine.  Il est utile de savoir qu’une privatisation suggère le transfert, au profit du secteur privé, du contrôle exercé par les pouvoirs publics sur ladite entreprise. Une telle opération est de nature à toucher une grande partie de l’activité des pouvoirs publics. Elle a donc pour conséquence directe une soumission de l’entreprise privatisée aux mécanismes de marché ; recul de la réglementation étatique au profit d’instruments privés de régulation. Par ailleurs, une privatisation va engendrer des évolutions axées sur la  multiplication des financements privés ; une ouverture généralisée à la concurrence. Le phénomène de privatisation d’Air Madagascar peut être considéré comme un problème dans le sens où le pouvoir de l’Etat devient minime ou même inexistant en tant qu’actionnaire minoritaire. De plus, Madagascar ayant  choisi d’ouvrir son ciel, via l’Open Sky ou Ciel ouvert, dorénavant à plusieurs compagnies aériennes. Air Madagascar est désormais exposée à une concurrence féroce. Non seulement ces compagnies survoleront le ciel malgache et utiliseront nos infrastructures aéroportuaires comme des hubs mais auront aussi une part des potentiels clients de la compagnie nationale. Pourtant, force est de constater que la compagnie malgache n’est pas encore apte à concurrencer les compagnies étrangères telles que Air Seychelles ou même Air Mauritius. Cet emblème national qu’est Air Madagascar risque donc de se crasher une bonne fois pour toutes pour ne plus se relever.

Volana S. – Régis Kabary