Jirama – Dans un état désastreux !
La compagnie nationale d’eau et d’électricité se trouve actuellement dans une situation compliquée, et ce, malgré les subventions faramineuses octroyées par l’Etat. Les causes sont nombreuses, à savoir des agents incompétents et corrompus, des groupes électrogènes à la limite, et entre autres, une gestion calamiteuse. En somme, c’est toute l’équipe dirigeante qu’il faudra changer !
L’incendie qui s’est déclaré très tôt dans la matinée d’hier à Isotry a été provoqué par l’explosion des câbles d’un poteau de la Jirama. Le feu a vite gagné, à la vitesse de la lumière, une maison de deux étages à côté du poteau en question, et très vite aussi, les occupants se sont trouvés piégés. Pour s’en sortir, ces derniers n’avaient d’autres choix que de sauter par les fenêtres, d’où des blessés graves qui ont dû être évacués à l’hôpital. Selon les habitants du quartier, cela fait 4 fois qu’ils ont signalé le problème à la Jirama qui n’a jamais pris la menace au sérieux en déclarant que rien d’alarmant n’est constaté. Et voilà donc le résultat quand on a à faire avec des agents qui manquent visiblement de conscience et qui ne se sentent responsables de rien. Mais c’est aussi le cas de cette société qui, sans aucune honte, fait augmenter le tarif de ses services alors que le délestage, en électricité tout comme pour l’eau, sévit plus que jamais.
D’un autre côté, cette compagnie nationale a un sérieux problème de moyens par rapport à son ambition et aux défis imposés par le développement puisque pour toute l’île, la Jirama ne dispose que de 270 groupes pour éclairer les 587 041 km2 de surface, les centaines de milliers de kilomètres de routes de toutes sortes, et entre autres, les millions de foyers malgaches. Pire, 66 d’entre eux uniquement dans de grands centres de concentration et seulement 20 % de ces groupes électrogènes sont en bon état. Evidemment, cela n’explique pas les … « coupures » qui durent des heures et qui tuent les micro-entreprises, seule voie de survie pour une population lessivée par des tunnels sans fin.
Incapable du moindre investissement
C’est le cas des cybercafés, épiceries, poissonneries, salons de coiffure, garages, petites unités de fabrication mécaniques et industrielles, et entre autres, les fast-foods. Pour ces établissements, le coût de l’énergie qui ne cesse de connaître une hausse constante, figure parmi les charges à honorer dès la réception de la facture mensuelle. Pour tous les ménages, c’est devenu une priorité et dans toutes les agences et sous-agences de la Jirama, de longues files pour s’acquitter le plus rapidement possible de ce fardeau sont constatés chaque jour puisque même en possession du fameux ticket de paiement, il arrive que d’autres agents de la Jirama viennent pour couper l’eau et l’électricité. Outre la honte vis-à-vis des voisins, c’est un parcours de combattant qu’il faudra effectuer par la suite pour la réclamation et faire revenir la lumière chez soi si pour certains cas, il faut attendre plusieurs jours, et ce même, moyennant … motivation de l’ordre minimum de 10 000 ariary par agent ! Et selon certaines sources, ces employés de la Jirama sont les rois de la drague, une fois arrivés dans les foyers. A coup sûr donc, les familles malgaches sont de bons payeurs, ainsi, beaucoup se demandent où va tout cette masse d’argent, notamment quand on sait que la Jirama est incapable du moindre investissement. Effectivement, le taux d’accès reste très faible et il ne dépasse pas les 5 % des ménages dans le pays.
Pour les usagers, la Jirama peut devenir, dans les plus brefs délais, autonome et son état actuel ne peut être justifié que par une seule et unique raison : une gestion catastrophique de la société. D’où la nécessité de changer son équipe dirigeante.
Luc Matthieu