Qui suivre ?
Les bonnes questions amènent les bonnes réponses et l’inverse est d’autant plus vrai car lorsqu’on se trompe de problématique, on s’embourbe encore plus dans le problème avec une mauvaise solution qu’on croit pourtant être la bonne. Il en est de même lorsqu’on livre le mauvais combat, assurément on est perdant à tous les coups. Car au mieux on se sera dépensé –humainement et matériellement- pour quelque chose d’inutile et qui ne nous apportera au final rien. Et au pire, on se sera fait des ennemis et ce au péril de notre vie. En ce qui concerne Madagascar, il se trouve que nous nous sommes trompés de question et de combat depuis à peu près soixante ans, ou un peu moins. Et ce dans tous les domaines, que ce soit dans l’économique, le politique ou le social, tout. De nombreuses « révolutions » ont été tentées mais le fait est que la situation est restée la même depuis et a empiré durant ces dernières années. Il semble que le pays s’est complètement trompé dans le chemin à suivre et dans la voie à emprunter. Car en ce 21ème siècle, si pour certains pays le challenge est par exemple de pousser la révolution technologique jusqu’aux limites du possible, nous n’en sommes même pas à la révolution industrielle. Et si certains pays sont arrivés à s’approprier la démocratie la vraie, Madagascar se trouve encore à l’époque féodale où le peuple jure fidélité aux seigneurs maîtres des terres.
Le fait est qu’après l’indépendance, Madagascar s’est précipité à suivre le rythme du monde. Pour la majorité des pays développés ou en voie de développement actuels, il y a eu tout un processus et des choix politiques qui ont été mis en œuvre pour que les résultats en soient ainsi. Par exemple, les Etats-Unis ont dû passer par le Boston Tea Party, la déclaration d’indépendance, la conquête de l’Ouest, les innombrables innovations des pionniers américains comme les frères Wright et autres pour enfin arriver à la place de la première puissance mondiale. L’Allemagne est passée par deux guerres mondiales d’où elle est toujours sortie perdante et a dû passer par deux réparations d’après guerre, mais à force de politique et d’efforts dans tous les domaines, la voilà première économie de l’Union Européenne. Le Japon après Hiroshima a encore subi plusieurs Tsunami dévastateur mais ne s’est pas effondré pour autant. Bref, il y aurait de nombreux exemples pour remplir toute une page. Nous ne disons pas que Madagascar devrait en subir autant car chaque personne comme chaque pays a sa particularité et son propre chemin à suivre. On n’inventera sûrement pas l’avion car Orville et Wilbur Wright l’ont déjà fait. Nous n’irons pas non plus à la conquête de l’Ouest car nous connaissons déjà les potentiels et les richesses que recèle notre île, de long en large. Nous ne réclamons pas deux guerres car nous avons été doués par Zanahary du sens du Fihavanana ni un tsunami car Il nous a mis bien à l’abri au beau milieu d’une plaque tectonique. Le fait est que notre faille se trouve dans nos dirigeants et dans leurs choix politiques. Et c’est d’autant plus vrai actuellement car ceux qui dirigent le pays en ce moment cherchent à suivre un rythme qui n’est pas du tout approprié à Madagascar. On se précipite à accueillir le sommet de la Francophonie, des pays parlant la langue française donc, alors que plus de la moitié des malgaches sont encore analphabètes en 2016. Rendez vous compte ! La moitié de notre population soit 11 millions de malgaches ne connaissent même pas l’alphabet. Quel intérêt y-a-t-il pour ces 11 millions de personnes à recevoir un sommet de la Francophonie ? Les dirigeants se précipitent à accorder un permis d’exploitation minier au premier investisseur venu et bien voyez-le par vous-même, il l’exploite réellement. Alors que la réserve d’or de notre Banque centrale ne cesse de diminuer de jour en jour, s’il y en a encore à ce jour. D’un autre côté, l’opposition en profite pour mener la population à la rue, afin de remettre les compteurs à zéro, sans plus de commentaire.
La question qui se pose actuellement, mais sans doute pas encore la bonne pour sortir le pays de son trou, est de savoir qui suivre ? Le rythme des grands de ce monde qui n’est véritablement pas le nôtre ? Ou faire table rase de ces 60 années et recommencer depuis le début afin de trouver nous même notre rythme ? Continuer avec une politique et des politiciens qui, on le sait, ne nous mèneront nulle part ? Ou descendre dans la rue encore une fois, une fois de plus, pour se faire canarder pour que seulement des têtes, et non des pratiques, changent ?
Ny Aina Rahaga