Code de la communication – Les Etats-Unis n’en veulent pas !
La visite de courtoisie de Violet Kakyomya à la Hcc a finalement abouti à une décision qualifiée de « lâche » par le porte-parole du mouvement pour la liberté d’expression. Après la contestation de la société civile, des partis politiques et évidemment des professionnels du média à Madagascar, les Usa viennent de donner leur position vis-à-vis de code liberticide.
Déjà lors des débats au niveau du parlement sur le nouveau code de la communication médiatisée, nombreux ont été ceux qui s’étaient prononcés contre. Que ce soit les simples citoyens, la société civile, les partis politiques et même des organismes internationaux et des missions diplomatiques travaillant dans le pays. C’était notamment le cas de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Madagascar via son ambassadeur Robert Yamate. Ce dernier à cette époque préconisait le retour au texte initial issu de la concertation des gens de la presse, de la société civile et du Système des Nations unies à Madagascar à travers le Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud). Ce qui signifiait donc l’abandon pur et simple du texte liberticide que le régime en place a pu faire passer sans problème au niveau des deux chambres du parlement et de la Haute Cour Constitutionnelle (Hcc). Et face à cet entêtement du régime et à la complicité de la Hcc, les Etats-Unis d’Amérique n’ont pas tardé à réagir comme auparavant via leur ambassade à Madagascar. Une déclaration émanant de la représentation américaine dans la journée d’hier qui dénonce toujours ce simulacre de code et appelle à un dialogue entre les parties prenantes.
Langage diplomatique
« Une presse libre et dynamique est un élément fondamental d’une démocratie forte. A la lumière de la déclaration de la Haute Cour Constitutionnelle sur la constitutionnalité du Code de la communication, sous les réserves d’interprétation, qui a indiqué la nécessité de clarifier certaines sections, compte tenu des principes constitutionnels et des normes internationales, les Etats-Unis soutiennent l’initiation d’un dialogue franc et ouvert parmi les parties prenantes appropriées afin d’assurer que ces standards soient respectés ». On devait s’y attendre du fait que depuis le début, l’ambassade des Etats-Unis a exprimé son regret de voir un tel code qui ne serait ni plus ni moins qu’indigne d’un pays « démocratique ». Pourtant, selon l’argumentation des tenants du pouvoir, ce code serait l’expression même de la volonté du peuple et de la preuve d’une démocratie vivante à Madagascar. Il est évident que c’est loin d’être le cas si l’on se réfère à la déclaration de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique. Ces quelques phrases en effet peuvent sembler complètement banales, mais il faut souligner que pour dans le cas présent, le langage diplomatique est de mise. Derrière ces quelques mots inoffensifs se trouvent des recommandations, des exigences et des avertissements plus que jamais précises de la part de la première puissance mondiale et du pays même de la liberté. Ainsi, il est dans l’intérêt des gouvernants et des barons de ce régime de donner un frein une bonne fois pour toute à leur projet de supprimer la liberté d’expression et la liberté de presse. Comme on dit, un homme averti en vaut deux et qui sème le vent récoltera la tempête.
Régis Kabary