Plusieurs fois dans notre vie, nous nous trouvons confronter à des situations qui semblent n’avoir aucune solution, des problèmes qui semblent ne jamais vouloir se résoudre. C’est bien le cas de notre pays qui semble d’année en année se noyer dans l’extrême pauvreté et nos dirigeants qui se baignent dans l’opulence et la richesse absolue. Mais en entendant ce discours fait par Mallence Bart Williams, une jeune femme dynamique Sierra-léonaise et Allemande lors de sa présentation TEDex, on se retrouve nez à nez avec cette vérité qui blesse. Un plaidoyer en faveur de son Afrique natale et de tous ces pays que l’on pense pauvre au monde. Tellement franche et directe qu’à la fin de son speech, on ressent de la peur pour la vie de cette jeune femme qui a pour une fois osé dire ce qui est, la réalité des choses de ce monde, sans avoir peur de choquer qui que ce soit ni de se faire des ennemis. Contrairement à certains hauts dignitaires de l’Etat dans les pays pauvres qui se veulent démocratiques qui n‘osent dire le moindre mot de peur d’offenser les bailleurs ou tout bonnement ceux qui possèdent l’argent.

On avait dit une fois que celui qui se posait les bonnes questions auraient à force de recherche les bonnes réponses, et bien évidemment, ceux qui se trompent de questions se tromperont aussi de réponse et verront de ce fait leurs problèmes ne jamais se résoudre. Et bien, Mallence Bart Williams a posé cette seule question qui a induit toute une réflexion sur la pauvreté de l’Afrique que l’on a ensuite superposé à la situation malgache. Cette question posée à une assistance majoritairement issue des pays développés, la voici : « pourquoi 5000 unités de notre monnaie valent une unité de la vôtre ? ». Cette interrogation aurait paru ridicule et facile à résoudre si elle n’avait pas continué comme suit : «  (…) alors que nous (Afrique) possédons les réserves effectives d’or. » Alors là, la question devient gênante pour toute l’assistance et prend d’un seul coup tout son intérêt. Pour ceux qui ne le savent pas, la valeur d’une monnaie repose en grande partie sur la réserve d’or de la banque centrale d’un pays qu’on appelle « réserve de change ». Les réserves de change sont des avoirs en devises étrangères et en or détenues par une banque centrale. Elles prennent généralement la forme de bons et obligations du Trésor d’Etats étrangers, ce qui permet à ces réserves de rapporter un intérêt. Elles sont utilisées par les autorités monétaires pour réguler les taux de change. Ainsi, la réserve d’or que possède un pays joue énormément sur la valeur de sa monnaie nationale. Et nous ne sommes pas sans savoir que l’Afrique est sûrement le continent qui en possède le plus de ce métal précieux. Pour Mallence, il est donc évident que ce n’est pas l’Occident qui aide l’Afrique mais bien l’Afrique qui aide l’Occident et ces pays développés. Ces derniers dépendent entièrement du continent noir et ce dans tous les aspects possibles, étant donné que chez eux, les ressources alternatives sont réellement insuffisantes. Ces pays soi-disant riches s’assurent que cette aide de l’Afrique soit toujours gratuite et perpétuelle, soit en déstabilisant systématiquement les Nations les plus riches d’Afrique, soit en s’attaquant à leurs systèmes politiques. Et la méthode marche car bon nombre de citoyens des pays d’Afrique et du monde entier croient que le continent est pauvre et mourant. « Tandis qu’une main donne sous les flashs lumineux des appareils photos, l’autre prend dans l’ombre », souligne-t-elle devant une assistance abasourdie par ses propos.

Le fait est que cette vérité est aussi celle de notre pays qui, lorsqu’elle n’est pas livrée à des guerres de pouvoirs et d’influence entre les politiques, se fait piller tous azimuts. Depuis l’indépendance de ce pays en 1960, nous n’avons jamais connu de période réellement calme et prospère. Il n’est pas évident de dire que la population malgache n’est pas pauvre. Toutefois, l’on sait que le pays est riche, et la preuve en est que nous possédons des gisements d’hydrocarbures, des mines d’or et une biodiversité qui n’a pas son pareil dans le monde. Mais la dure réalité est que ces richesses là sont troquées par des personnes qui n’ont aucun sens du bien commun et qui ne pensent qu’à s’enrichir sur le dos des compatriotes. Les dirigeants s’empressent d’endetter le pays auprès des autres pays riches et cèdent même la terre contre quelques investissements et constructions ici et là. Voilà comment on en arrive à avoir 5000 unités de notre monnaie que ces derniers n’échangeraient même pas pour une seule de la leur. Voilà comment le pays est appauvri de jour en jour et voilà la vérité qui blesse.

Ny Aina Rahaga