Incompréhensible absence de réaction
Y-a-t-il eu escroquerie ou non ? Telle n’est pas la question, la situation soulève un grand émoi populaire, dont les manifestations perturbent l’ordre public. C’est la qualification appropriée non ?, lorsqu’une foule s’agglutine sur la voie publique paisiblement ou bruyamment pour exprimer un mécontentement ou un désarroi. Pour moins que ça on dépêche les forces de l’ordre, pour casser les sentiments de révolte, cette fois-ci leur présence a permis de sauver les meubles du « capitaine flibuste ». Cette opération d’ordinateur pour tous a failli émouvoir l’opinion au début, mais assez tôt des personnes peu candides par rapport à la moyenne, ont vite décelé une odeur de souffre qui s’en dégageait. Bien qu’en allant en sens inverse de la tendance « essayez, payez après » ou aussi « remboursé si l’on n’est pas satisfait », la formule « payez un acompte, le reste à la livraison » a attiré de nombreux gogos en raison du prix. Les chalands attendaient peut-être un miracle, en tous cas ils ont apparemment cru en une inclination de l’opérateur à faire œuvre de bienfaisance, de prêter un génie à celui-ci pour dénicher les bonnes affaires et un grand cœur pour en faire profiter un grand nombre. S’il faut entendre la grogne d’une majorité, il y a malentendu sur la marchandise, tromperie comme le prétendent les déçus, et escroquerie poursuivent les mêmes, le montant des avances est gardé en « otage ». Sans préjudice de la présomption d’innocence qui joue en faveur de cet entrepreneur dont on ne peut discuter l’habileté, le scandale se trouve sur la place publique. Pour moins que ça parfois, le Parquet remue la force publique pour demander à la police ou à la gendarmerie d’entreprendre des enquêtes. Actuellement dans cette affaire en l’absence de communication précise on ignore si l’on a pris l’initiative de mobiliser des poursuites ou si l’on se satisfait d’attendre une plainte de l’une des personnes qui se disent victimes d’une « arnaque » au grand jour pour mettre en branle la machine judiciaire. La réalité donne l’image d’un schéma à l’inverse, les nombreux agents dépêchés par le pouvoir semblent avoir pour premier objectif de protéger la personne que l’opinion suspecte de ruses coupables, et en deuxième lieu par la même occasion d’intimider les déçus qui éprouveraient la tentation d’introduire une action en justice. Chacun a peut-être une histoire à raconter concernant un voleur de poule, retenu là-bas pour raison préventive, afin de lui enlever toute possibilité de vouloir tripatouiller les preuves ou pire de fondre dans la nature. Où mieux qu’ici aurait-on tout le loisir de manipuler les preuves, et de tisser des témoignages ?
Léon Razafitrimo