Faire amende honorable
Le bon sens exige que lorsqu’on a tort ou bien lorsqu’on se trompe, on s’excuse et cela, on l’a déjà appris en classe de primaire, en éducation civique. Le problème, c’est que l’éducation civique n’a plus été mise au programme dans l’éducation de nos enfants. Il semble que même les grands ont oublié les quelques notions de politesse et de civisme que l’école a su inculquer à quelques-uns d’entre nous. Et même dans ces cas-là, l’école de la vie se charge de nous les rappeler. Alors, lorsqu’on fait du tort à nos proches ou à quelqu’un, nous nous devons de faire amende honorable, de faire en sorte de se faire pardonner par la personne à qui nous avons causé le mal en question. Dans un cas concret très proche de nous, les tenants du pouvoir devraient maintenant essayer de se faire pardonner par le peuple malgache en entier. Le fait est que durant ces deux années de mandat sur les quatre prévues, les dirigeants n’ont eu de cesse de décevoir et d’irriter par la même occasion un peuple déjà impatient de voir un développement de son cher pays mais surtout de voir son quotidien changer et s’améliorer. La logique veut et réclame que pour les deux ans restants de ce mandat, chacun d’entre eux fasse un effort dans le sens du bien de tous. Ces raisons qui ont fait que le peuple les a élus et les a portés au rang où ils se trouvent actuellement. Seul cet effort justifiera les privilèges qu’ils se sont octroyés depuis ces années, et fera que le peuple veuille bien penser à leur pardonner, pour leur propre bien.
On retrouvera sûrement dans les livres d’histoires de nos futurs que les débuts de la quatrième République furent chaotiques. Avec des dirigeants mal-aimés qui ne se privaient pourtant de rien dans un pays déjà plus que pauvre. Allant jusqu’à jouer avec les richesses de la nation et faire de la liberté un lointain souvenir. Quand l’Observatoire de la vie publique décrit ces derniers comme des incultes incapables de savoir leurs missions et n’assumant aucune vrai responsabilité vis-à-vis du peuple, on ne peut que rester sans voix. Quand l’église lui-même traite les dirigeants de menteur, c’est qu’on se trouve loin du secret de la confession tant l’acte transparait aux yeux du public. Abraham Lincoln de son temps avait pris soin de formuler quelques requêtes au professeur de son fils en lui écrivant : « Il aura à apprendre, je sais, que les hommes ne sont pas tous justes, ne sont pas tous sincères. Mais enseignez-lui aussi que pour chaque canaille il y a un héros, que pour chaque politicien égoïste, il y a un dirigeant dévoué (…) ». Cet illustre personnage de la terre de la liberté était loin de se tromper, car le peuple espère encore que quelque part au fond d’eux mêmes, nos dirigeants ont encore cette âme de héros, prêts à tout sacrifier pour la patrie, comme le dit si bien d’ailleurs notre hymne national. Toutefois, il ne s’est pas arrêté là mais a aussi demandé « qu’il apprenne de bonne heure que les despotes sont les plus faciles à flatter (…) ». Le fait est qu’actuellement, il n’y a que ceux qui se rangent du côté du régime et qui le vénère qui survivent et peuvent se frayer un chemin vers la réussite. Le peuple dans sa bêtise de dire ce qui ne va pas dans ce pays demeurera éternellement dans la pauvreté. « À l’école, enseignez-lui qu’il est bien plus honorable d’échouer que de tricher (…) », disait-il à ce professeur chanceux aussi d’avoir ses conseils. Pourtant, ici, on préfère tricher que d’avouer son impuissance. On préfère revenir sur ses paroles au lieu de parler franchement en restant des hommes. « Apprenez-lui à écouter tous les hommes mais apprenez-lui aussi à filtrer tout ce qu’il entend à travers l’écran de la vérité (…) ». Ce qui est tout à fait contraire au fait de mobiliser toute une armée à la moindre petite manifestation populaire du peuple. « Apprenez-lui à vendre ses muscles et son cerveau au plus haut prix, mais à ne jamais fixer un prix à son cœur et à son âme (…) ». Au moins, si on en arrive à les vendre, ça ne devrait pas être pour des tablettes et une petite somme en Ariary, avec la garantie d’un siège chaud et fixe au sein des institutions.
Enfin, Lincoln avait écrit pour conclure son message ces quelques mots qui, si on ne savait pas, sembleraient avoir été écrits pour Madagascar et ses dirigeants : « Apprenez-lui toujours à avoir une immense confiance en lui-même, parce que dès lors, il aura une immense confiance envers l’Humanité. » Pour dire que la peur ne mène à rien, et qu’au contraire, il faut croire en ce qu’on fait pour que les autres croient eux aussi. Et ça sans avoir peur à chaque fois de se retrouver hors des murs du palais ou de cette tour d’ivoire. Cette belle leçon de civisme et, à un niveau plus élevé, nos dirigeants devraient s’en acquérir. Le moment est venu de regarder vers le peuple et d’écouter ce qu’il a à dire. Plus que jamais, la réconciliation des malgaches et de ses gouvernants est importante si l’on veut réellement le développement de la patrie. En quelques mots, il est temps de faire amende honorable.
Ny Aina Rahaga