Lalao Ravalomanana – « Tsy hiala hono izy »
Nul n’ignore le conflit qui oppose actuellement la Commune Urbaine d’Antananarivo (Cua) aux marchands de rues de la capitale. Ces derniers ont cette semaine réclamé la démission de la maire Lalao Ravalomanana après que celle-ci et son administration les ont poursuivis depuis quelques jours déja. La réponse de la maire d’Antananarivo n’a pas tardé sans toutefois créér la surprise.
Par l’intermédiaire du deuxième adjoint au maire, en la personne de Julien Andriamorasata, la dame de la commune a cherché à transmettre le message qui se résume ainsi : « Tsy hiala hono izy ». Mais non seulement celle-ci ne démissionnera pas mais selon son porte-parole, l’assainissement des rues de la capitale et en particulier les environs d’Analakely continueront de plus belle. D’ailleurs, les responsables de la Commune, selon les directives de Lalao Ravalomanana, ont sollicité l’aide de la police nationale et de l’Emmoreg. Certes, la loi permet au maire de demander l’assistance des forces de l’ordre dans l’accomplissement de ses taches si cela est nécessaire. Toutefois, il semble un peu déplacer de recourir aux éléments de l’Emmoreg, dont on sait déjà les fonctions, dans cette situation. Selon toujours le deuxième adjoint au maire de la Cua, des alternatives ont été proposés aux marchands concernés. Or, on sait déjà que ces derniers ont refusé d’être déplacés au marché de « petite vitesse » et que la proposition d’aller à Ambohijatovo n’a bénéficié d’aucune réelle disposition de la part de la commune. Dans son intervention, le deuxième adjoint au maire n’a pas manqué de souligner le fait que l’esplanade Analakely et les environs de l’Hotel de ville,
« chez nous » avait-il dit, ne sont pas des lieux de commerce.
A qui la place ?
D’ailleurs, dans cet élan, les responsables de la Cua ont affirmé que cette réclamation des marchands est seulement le fruit des actions de politiciens détracteurs de la maire. Il semble que même au niveau de la commune, on pense que les moindres petites réclamations ne sont que tentatives de déstabilisation politique et manœuvres afin de pousser les dirigeants dehors. Pourtant, si l’on s’en tient à la version des marchands, la commune leur avait déjà demandé de payer des quittances pour qu’ils puissent continuer leurs activités légalement. Ce que le deuxième adjoint au maire n’a pas démenti. Toutefois, le responsable qui a pris cette initiative a déjà été limogé, selon lui. A croire que dans l’administration de la Cua, chacun fait comme il le veut sans que la maire soit au courant, justifiant ainsi ce limogeage. Dans cette chasse aux sorcières donc, la Cua multiplie les coopérations. Cette fois-ci, elle appelle le ministère du commerce ainsi que l’administration fiscale à travailler avec eux. Le régime devrait donc, selon les dirigeants de la commune se joindre à cette lutte contre les marchands de rue de la capitale. D’ailleurs, la vision est la même pour les deux camps car pour la Cua, il serait honteux pour Madagascar de recevoir le sommet de la Francophonie et chefs d’Etats dans ce décor. Or il ne s’agit ni plus ni moins que de la réalité des malgaches et non pas une scène que l’on se plait à jouer. Enfin, la destitution de la maire de la capitale doit suivre des procédures légales, selon toujours le deuxième adjoint au maire. De surcroit, Lalao Ravalomanana a été élue. Pourtant, le fait est que jamais dans son histoire, la population défavorisée de la capitale n’a jamais demandé le départ d’un maire de la ville d’Antananarivo. Cette même population défavorisée, dont les marchands des rues, a toujours su porter les maires de la capitale à des rangs plus hauts encore. La suite de cet affrontement risque d’être longue car à ce jour, aucun des deux camps ne semble vouloir céder. Reste à savoir à qui sera la place en définitive.
Régis Kabary