Tout être appartient à une famille et en chaque être transparait les caractères de cette famille. Personne n’y échappe et à quelques différences près seulement, tous les membres de la famille présentent les mêmes traits, les mêmes particularités. À l’école de la démocratie, les États africains ont la triste réputation d’être de mauvais élèves. L’édification d’une véritable démocratie est mise à mal par la persistance de considérations tribales, ethniques ou encore claniques. Il importe alors de repenser la démocratie en Afrique en commençant par s’affranchir du mythe selon lequel, en raison de leur organisation traditionnelle, les sociétés africaines seraient incompatibles avec la démocratie. La marche engagée par l’Afrique vers la démocratie par la voie institutionnelle ne sera véritablement effective qu’avec l’essor d’une véritable culture démocratique des hommes. Ces Etats africains dont on parle forment entre eux une grande famille et quoi qu’on dise, Madagascar n’y échappe pas. On ne pourra pas dire que les pratiques en politique à Madagascar sont différentes de celle qu’on voit de l’autre côté du canal de Mozambique, comme en très très démocratique république du Gondwana.

« La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. ». La véracité de cette célèbre citation du président américain Abraham Lincoln n’est plus à discuter car c’est ainsi que la vrai démocratie a été défini. Elle est utilisée dans les discours de nombreux politiciens depuis toujours. En Afrique comme à Madagascar, elle n’est rien de plus qu’une belle phrase à accrocher sur un mur de bureau pour celui qui veut bien paraitre. « Nombreux sont ces pays africains qui ont été épinglés et mis au banc de la communauté internationale pour déficit démocratique né d’interminables crises politiques^.  En effet, la communauté internationale qui était originellement permissive sur la gestion politique des États a fait désormais de la légitimité démocratique une condition de reconnaissance des gouvernements. ». La démocratie est de ce fait devenue une nécessité et non plus un choix, surtout pour les pays africains, dépendants des aides de la communauté internationale. Pourtant, malgré ce système de participation du peuple, les interminables crises politiques sont aussi l’une des caractères des pays africains, devenu aussi la pratique obligatoire en politique à Madagascar. Des progrès significatifs ont certes été réalisés par de nombreux pays africains mais des obstacles subsistent. Des élections mal préparées ou manipulées débouchent sur des violences bloquant le processus démocratique et le dialogue entre les acteurs politiques. Pour se maintenir au pourvoir, certains chefs d’État modifient la Constitution ou instrumentalisent certaines institutions dont le plus souvent touché est l’Assemblée parlementaire, remettant ainsi en cause le principe de la séparation des pouvoirs.

Tous ces faits, on les retrouve dans la politique malgache et dans les pratiques de nos politiciens. La démocratie n’est qu’une façade et on le sait tous. Le peuple malgache ne cesse de réclamer un vrai régime où le pouvoir appartient réellement au peuple et où celui-ci peut l’exercer effectivement. Il ne s’agit pas uniquement de voter car le vote n’est qu’une des nombreuses facettes de ce qu’est la démocratie. Il s’agissait au début, dans la Grèce antique, de participer concrètement à la vie de la cité et de prendre part à la prise de décision. Pourtant, la situation du pays démontre clairement que la prise de décision dans la conduite des affaires de l’Etat n’est plus que l’affaire des quelques dignitaires du pouvoir. D’un coté, le peuple s’est complètement désintéressé de la politique et de tout ce qui touche l’Etat en lui-même. De l’autre, la situation arrange bien les tenants du pouvoir qui cherchent depuis longtemps à faire des affaires de l’Etat une affaire privée. Pour qu’ils soient les seuls à jouir de ce que le pays a à offrir, sans que le peuple, vrai détenteur du pouvoir politique, ne puisse dire un seul mot. Mais on sait aussi qu’en Afrique, peu nombreux sont les régimes qui ont connu des passations de pouvoir dans les normes. Et comme pour chaque famille, les caractères sont communs à tous, Madagascar n’y échappe pas ou plutôt n’y échappera pas. Depuis l’indépendance, aucun changement de régime ne s’est fait selon les principes de la démocratie. La suite logique, le lien familial subsiste au-delà du temps, sauf dans le cas où des changements en profondeur sont opérés. Car la marche engagée par Madagascar vers la démocratie par la voie institutionnelle ne sera véritablement effective qu’avec l’essor d’une véritable culture démocratique de ses hommes.

Ny Aina Rahaga