Transport de clandestins vers Mayotte – Arraisonnement d’une vedette de Madagascar National Parks!
Ce sont les matériels utilisés pour défendre nos richesses naturelles qu’on emploie pour d’autres trafics dont celui du transport de clandestins vers l’île française de Mayotte. Le 22 août dernier, la brigade nautique mahoraise a attrapé une vedette appartenant à Madagascar National Parks, un organisme rattaché au ministère de l’environnement, de l’écologie et des forêts. Après le Bois de rose, le trafic de tortues, celui du palissandre, voilà donc que l’autre affaire sûrement bien juteuse de transport de clandestins !
Selon le rapport de la gendarmerie nationale du district d’Antsohihy, la vedette Argos 711F050 appartenant à Madagascar National Parks a été arraisonnée par la brigade nautique de l’île de Mayotte, un département français dans l’Océan Indien. 19 personnes ont été appréhendées et c’est un certain Y.R qui a fait sa location en date du 19 août 2016. La vedette a quitté Maromandia deux jours plus tard, le 21 août pour emmener des … « touristes » pour Sahamalaza, Nosy Lava et Nosy Be avec 15 personnes dont 6 africains et 6 malgaches et ce sont D.H ainsi que R.U qui sont les pilotes de l’embarcation. Son arraisonnement s’est déroulé dans la nuit du lundi 22 août dernier et cela peut vouloir dire que ce beau monde était toujours en mer depuis 4 jours ! Comme personne n’a été déclaré malade et surtout pas dans un état de malnutrition avancée, cela veut aussi dire que le voyage a été bien préparé avec des vivres suffisants à bord de l’embarcation, de même pour le carburant. Les malins estimeront dans ce cas que celui ayant fait la location et les pilotes n’en sont pas à leur premier essai.
D’un autre côté, on sait que Madagascar National Parks (Mnp) a été créé justement pour protéger nos parcs nationaux, nos réserves naturelles intégrales et les réserves spéciales ainsi que les richesses qui s’y trouvent. Créé en 1990, le Mnp assure par conséquent la conservation et la gestion durable et rationnelle du réseau national : plus d’une vingtaine de parcs nationaux, plus d’une demi-douzaine de réserves naturelles intégrales et une trentaine de réserves spéciales. Dans la région de la Sofia, cinq communes rurales du district d’Analalava – dont la commune de Maromandia – abritent le parc national Sahamalaza – Iles Radama qui est situé dans le nord-ouest de Madagascar, entre les baies de Narinda et de Mahajamba au sud, et les baies d’Ampasindava et l’île de Nosy Be dans le nord.
Intense exploitation
Apparemment, c’est le lieu d’affectation de cette vedette arraisonnée et le voyage entre ces petites îles est familier à son équipage. D’où sûrement l’idée d’un saut vers plus au nord-ouest pour atteindre l’île française de Mayotte. En somme, la visite de l’aire protégée marine et côtière de Sahamalaza- Iles Radama offre une formidable raison pour s’adonner à d’autres actions criminelles d’autant qu’on sait que les habitats de ce parc contiennent des espèces rares et/ou endémiques.
Ainsi, la surprise est certes de taille à la connaissance de cette nouvelle mais en même temps, elle n’étonne pas. Les domaines de l’environnement et des forêts ont été, depuis plus d’une dizaine d’années, souillés par des affaires de trafics en tout genre. Avant les scandales des affaires de bois de rose, ce sont d’autres espèces rares qui ont fait l’objet d’intense exploitation et exportation illicite. Cette année, le trafic de tortues a atteint son apogée mais à l’intérieur du pays, les forêts sont saignées par l’exploitation du palissandre. Actuellement, l’organisme rattaché, le Mnp, au ministère de l’environnement, de l’écologie et des forêts se verse dans le transport de clandestins vers l’île française de Mayotte. Bref, la ministre Johanita Ndahimananjara s’est vanté, il y a tout juste quelques jours, qu’aucune exportation illicite de bois de rose n’est enregistré depuis que cette dernière est à la tête de ces départements. C’est peut-être le cas mais pour les autres services attribués à ce ministère, c’est le chaos total. Il est ainsi normal de constater que rien ne va plus du côté des organismes qui y sont rattachés et c’était le cas de la société Fanalamanga, par exemple, qui n’est pas étrangère à la subite hausse du prix du charbon de bois dans la Capitale, il y a quelques semaines. Cette fois-ci, le scandale vient du Mnp !
Ariane Valéry