Exploitation de terres rares à Ampasindava – Un piège dangereux pour Madagascar
Madagascar fait actuellement partie des pays cibles pour les terres rares. Pourtant très peu de pays exploitent leurs gisements de ces minerais stratégiques, indispensables pour certaines industries de haute technologie, d’énergies renouvelables ou d’armement. Des organisations de la société civile plaident pour qu’il n’y ait pas d’exploitation de terres rares à Madagascar, à travers une communication et alertent les responsables et les citoyens sur les effets désastreux pour l’environnement et la santé.
La société Tantalum Rare Earth Malagasy (Trem) dispose d’une concession de 300 km2 attribuée par l’Etat malgache pour une exploitation de terres rares à Ampasindava, dans les régions de la Diana et de la Sofia. Cette société a annoncé en février 2015 que des milliers de forages exploratoires effectués sur 130 km2 ont permis de découvrir que le gisement de la région d’Ampasindava recèlerait 130 millions de tonnes d’argile latéritique contenant des oxydes de terres rares à une concentration de 0,08%, notamment du Praseodymium, Neodymium, Terbium et Dysprosium. Cela signifie que pour obtenir 1 tonne de terres rares, il faut environ 100 000 t de terre argileuse. Or la société Tantalus annonce une production de 10 000 t par an pendant 40 à 50 ans.
Par conséquent, tout le couvert végétal actuel – comprenant la flore naturelle endémique à la région incluant des forêts, les rizières, les plantations de cultures de rente et d’autres produits agricoles, ainsi que les espaces nécessaires aux moyens de subsistance des communautés riveraines – sera gravement affecté et risque en fait de disparaître totalement. Il en est de même de la faune, des habitations et des infrastructures existantes. Les impacts résultant de l’implication de l’eau dans ce procédé d’extraction s’avèrent aussi graves. Pourtant, il apparaît que la disponibilité et la qualité de l’eau constituent un problème vital pour les communautés riveraines.
Notons que la société Trem prévoit d’exporter 10 000 tonnes de terres rares par an d’ici trois. Une telle exploitation produirait donc 10 millions de tonnes d’eau contaminée et 20 millions de tonnes de déchets toxiques chaque année, soit respectivement 500 millions de tonnes et 1 milliard de tonnes au bout d’un demi siècle. Par ailleurs, on ne peut pas négliger le risque radioactif lors de l’extraction et de la concentration des terres rares.
R.V.