Encore trop d’hypothèses possibles
Rien ne semble avoir avancé tout au long de cette transition. Il est en tous cas une constante, une solution systématiquement relance de nouvelles questions, une sorte de vis sans fin ou pour le dire avec pessimisme une espèce de malédiction qui réussit à enliser la transition de façon inexorable. C’est presque à en désespérer. Alors que les membres de la nouvelle Cour Electorale Spéciale prêtaient serment, le Président de la Transition lançait un message clair, il ne se retirerait pas de lui-même de l’élection présidentielle. Le discours du camp Ravalomanana est même plus radical, Lalao Ravalomanana ne se soumettrait pas à une décision de la CES améliorée qui l’exclurait de la nouvelle liste. A l’évidence on s’achemine vers un autre blocage, encore qu’il se pourrait qu’il apparaisse d’autres facteurs plus graves encore. Pour l’instant la première étape franchie selon les vœux de la communauté internationale, la mise en place d’une nouvelle CES en sanction contre la première, ne garantit pas de la décision que peut adopter cette juridiction new-look. En l’espèce deux logiques, toutes deux ayant la prétention de s’appuyer sur des principes de droit, s’affrontent au sein de la classe politique, cette fracture laisse fatalement des traces à l’intérieur de la CES. S’il ne faut pas se voiler la face, il apparaît de façon évidente que statuant dans un sens ou dans l’autre la Cour aura en premier lieu à faire un choix politique et que c’est simplement par la suite dans son arrêt qu’elle devra invoquer des motifs de droit à l’appui de son dispositif. La liste qui en sortira pourrait soit n’être qu’une confirmation de la précédente, soit une toute autre qui aurait subi un sérieux écrémage. Déjà dans un cas comme dans l’autre de ces extrêmes, la suite des événements emprunterait des voies différentes, mais ni l’une ni l’autre de ces voies n’est à l’abri de toutes sortes de vives réactions qui peuvent prendre en otage les élections. Lorsque les « zanak’i Dada » menacent de ne pas se soumettre à une décision qui éliminerait Lalao Ravalomanana de la liste des candidats, on ne peut se dispenser de s’interroger sur la position et les initiatives qu’adopterait ce camp. Et si le camp d’en face adoptait une ligne plus ou moins identique, quelle valeur auraient les élections. On arrive à un point où il n’est plus question de légitimité ou de légalité, il y a longtemps que la réalité du vécu a remisé ces considérations et que seuls les discours y font référence. On ne peut pour ces élections que se soucier de leur valeur à restaurer un peu de paix le temps d’une trêve. Parvenir à cet objectif, rien ne le garantit, viser plus haut et croire que ces élections peuvent constituer la solution miracle pour guérir du cycle des crises c’est faire excès de candeur, alors que ce petit monde n’est hanté en grande partie que d’intrigues et de vices.
Léon Razafitrimo