Elections maliennes, une leçon?
On est plutôt habitué à prendre des leçons côté football après chaque rencontre internationale, du moins c’est ce qu’on entend toujours en écho de la part des responsables du football dans le pays lors de leur « debriefing » devant la presse malagasy, qu’il y ait victoire ou non, l’on a habitué les malagasy aux défaites qu’à autre chose. Mais les évènements survenus au Mali interpellent tout de même. Ce pays qui a été secoué par une profonde crise politique et militaire surtout en 2012 et qui est en passe de sortir de l’ornière après la réussite d’organisation d’élections présidentielles – considérées comme crédibles par tous, du moins par ses partenaires internationaux dont la France en est le principal - qui a vu la victoire de l’ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta. On ne va se perdre dans des considérations chiffrées dans cette chronique, d’autres s’en chargeront sûrement, mais toujours est-il que l’ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta, déjà grand favori à l’issue du premier tour, semble l’avoir remporté haut la main à tel point que son rival au second tour, Soumaïla Cissé – ancien ministre des finances – a reconnu sa défaite avant même la publication des résultats officiels en allant au domicile même de son rival pour le féliciter de sa victoire. « Je suis allé le voir pour le féliciter et lui souhaiter bonne chance pour le Mali » tout en déclarant – et là les malagasy en mal d’identité doivent bien trépigner de joie en l’apprenant – que ce geste est tout simplement « dans la tradition malienne », et toc! Et les malagasy qui se perdent dans des considérations psychédéliques quant au tristement regretté « fihavanana » perdu dans les limbes de la transition (?)
Et dire que bien que les résultats ne soient que partiels, car portant sur environ deux tiers des votes, l’un des candidats se retrouve à reconnaître sa défaite et que la communauté internationale – celle-là même qui donne tant de fil à retordre à la Grande île – se félicite de la « réussite » de ces élections. Ainsi, Louis Michel, chef de la mission d’observation de l’Union européenne, a déclaré « il n’y a absolument rien de douteux ni de suspect à signaler, ça s’est déroulé dans de bonnes conditions, dans un climat serein, calme. Celui qui sera élu le sera avec la légitimité démocratique, c’est ma conviction ». Même la mission de l’Union européenne dans son rapport préliminaire publié hier a évalué « positivement les opérations de vote à hauteur de 99 % » des bureaux observés. Elle estime que la présidentielle malienne est conforme aux « normes internationales pour l’organisation d’élections démocratiques ». Incroyable comme précision de la part d’observateurs internationaux, mais comme on le sait cela n’engage qu’eux.
Il faut tout de même reconnaître que ces élections se sont réalisées sous une présence militaire franco-africaine forte avec également une énorme « carotte » et non moins des moindres: la promesse de la communauté internationale d’une aide massive de près de 3,2 milliards d’euros. Alors, de tout ça, la Grande île restera-t-elle toujours au stade de « tirer » des leçons comme au football avec les résultats récurrents que l’on sait? Apparemment oui …