Dangerosité de l’informel
Dans l’opinion on véhicule l’idée de rendre hommage au secteur informel qui occupe une bonne partie des activités en cette période de crise. De ce constat jusqu’à reconnaître qu’il a contribué en grande partie à faire tourner la machine il y a un pas que nombre de spécialistes et d’opérateurs hésitent à franchir. Il n’en reste pas moins évident que l’illégalité de cette pratique présente une réelle dangerosité pour la société. Tant que c’est le fisc qui en fait les frais, ici plus qu’ailleurs on en rit avec une sorte de délectation complice à l’adresse de Polichinelle qui rosse le gendarme : attitude que l’on qualifie déjà de peu citoyenne. Discutable quand l’Etat s’en trouve privé de ses ressources pour bien fonctionner, de surcroît les vilains petits tricheurs invoquent l’excuse : « ne pas payer pour la gabegie qui règne », seulement quand c’est la société elle-même dans son fondement qui est menacée, on ne peut qu’avaler les sourires ironiques pour l’accueil des farces faites à l’Etat. L’informel envahit de manière aussi conquérante qu’insolente de nombreux secteurs d’activités. Le fonctionnement en informel en soi procède d’une démarche illégale et constitue en ce sens une infraction. Cette infraction ne saurait toutefois rester à un niveau véniel lorsque les circonstances font d’elle un acte hautement coupable. 3.000 taxis « papango », ça fait beaucoup, mais au fond ce n’est pas aussi grave de conséquence, simple manque à gagner dans les caisses publiques, sans que l’on n’ait prouvé jusqu’ici que ces vrais-faux taxis soient plus criminogènes ou ne provoquent davantage de désastres que les « bons vrais taxis ». Quand ça concerne l’avenir, les dangers se présentent de manière plus aigüe, il en est ainsi dans le domaine de l’enseignement. Des chiffres qui font froid au dos, encore pire pour des parents dont les enfants fréquentent des établissements privés. Plus de 2.000 écoles primaires qui ouvrent leurs portes alors qu’elles n’ont fait l’objet d’aucune autorisation ni même d’une quelconque démarche dans ce sens. On évalue entre 5 et 10.000 le nombre d’enseignants qui n’ont ni les diplômes requis ni même la compétence à donner des cours ni encadrer des élèves dans les classes primaires. Quel travail que celui qui attend le prochain chef de l’Etat et l’équipe qui entoure et assiste celui-ci. On peut croire possible la découverte d’une méthode drastique pour combattre toutes ces formes de resquille, mais il faudra bien sortir des sentiers battus pour pouvoir éradiquer toute forme de mentalité qui peine à reconnaitre sa propre responsabilité au moment où apparaissent erreurs et horreurs.
Léon Razafitrimo