Faire, défaire, refaire
L’opinion se fait une idée loin d’être fausse, on tourne en rond, depuis quatre ans et plus, la vie publique piétine sur place. A chaque séquence de scénario on n’a pourtant pas le sentiment d’un épisode déjà vu, puisqu’on se laisse toujours surprendre, et c’est seulement après qu’on a le goût d’une resucée. On a voulu un changement dans la manière de traiter les affaires publiques, d’un nouveau style de comportement et si possible par un renouvellement de la classe politique. On a tiré le gros lot ! On ne peut pas dire que rien n’a changé. La trilogie du faire, défaire et refaire a cultivé le personnel politique à travailler son souffle pour tenir la distance, quatre ans c’est long, ils ont tenu. Dans cette course à rendre dingue les plus vertueux, si tant est qu’il y en ait eu, la farandole a même réussi à donner le tournis au public et à le rendre myope presque aveugle. C’est que l’on ne s’est pas rendu compte que faire, défaire et refaire sans cesse l’ouvrage avaient abandonné l’essentiel, le seul objectif qui aurait pu donner une légitimité à des « tripatouillages des caisses publiques » : ne pas s’arrêter au « refaire » à la suite du « défaire » après le « faire », mais s’évertuer et se défoncer jusqu’à parfaire. Aujourd’hui encore la nouvelle école (de politiciens s’entend) tente une fois de plus à mystifier le public à vouloir exploiter les lacunes des textes de lois, concoctées avec précipitation, car les lois elles-mêmes n’ont d’utilité qu’à servir de rustine pour rapiécer l’arsenal d’un pseudo Etat de droit. Suite à la disqualification de certains candidats déjà admis dans la précédente liste établie par l’ancienne Cour Electorale Spéciale, et en considération du droit des exclus à désigner leur remplaçant respectif, certaines « victimes de cette exclusion » ont envisagé de désigner des exclus d’autres mouvances en tant que remplaçants, et réciproquement. Les tares de légalité que l’on pouvait leur reprocher ont eu le temps de fondre. Celui-ci aurait une nouvelle virginité et le retard lors du dépôt de sa candidature initiale ne serait plus pris en considération, cet autre là en ce 21 Août aurait rempli la durée de résidence sur le territoire comme l’exige la loi… La population, elle, même si elle se laisse surprendre par ce type de bouffonnerie, n’est plus surprise par les bouffons eux-mêmes, elle sait bien qu’ils en ont tant fait et qu’elle reste elle incapable d’anticiper sur les pitreries qui ne font avancer en rien le smilblick.
Léon Razafitrimo