Pari sur un échec
Parier sur l’avenir immédiat du pays ne constitue pas un signe sain révélateur d’un noble sentiment patriotique, parier sur un échec ne serait qu’une aventure hasardeuse contre-nature à double titre, le pari porte en principe dans son essence même sur une réussite et non sur un échec, et lorsqu’il est question de la sortie de crise miser sur l’échec de la solution manifesterait un désir d’un enlisement dans la crise. Le projet d’élections tel qu’il s’annonce se présente certes sous une forme qui n’incite pas nécessairement à un optimisme béat, mais est-il encore temps de le combattre sous prétexte de vouloir y apporter des améliorations. Les formes de combat prennent en effet davantage l’apparence de poses de piège pour en empêcher la tenue. Encore faut-il distinguer deux sortes d’opposition à ces élections. D’un côté des organisations politiques qui adhèrent au principe même des élections telles qu’on les entend actuellement mais qui les veulent à leurs conditions, et d’un autre des forces qui réfutent la nature même de ces élections et qui militent pour une autre consultation populaire avant de procéder aux élections telles celles que l’on envisage. Une grande contradiction caractérise la période actuelle. Entre la durée de l’attente (plus de 50 mois) et l’apparence de précipitation pour déminer les pièges, il existe des intrigues qui dépassent la compréhension. Les soi-disant plus préoccupés à tenir l’urgence comme une priorité sont ceux qui hier avaient traîné les choses en longueur, n’ayant eu cure en ces moments ni de la détresse de la population ni de l’impatience que celle-ci manifestait pour sortir de cette aventure hasardeuse, alors qu’en face ceux qui prônent une prolongation de la transition sous une formule Bis sont ceux-là mêmes qui criaient au scandale au nom du peuple contre cette partie de colin-maillard pour étirer en longueur un système juteux pour les uns étranglant pour beaucoup d’autres. Qui a tort, qui pourrait prétendre avoir raison dans ce lacis de combines et de trompe-l’œil à la moire moelleux ? La réponse qui vient à l’idée renvoie à une chanson des Mahaleo, « izy anie ka fetsifesty ê ! », de part et d’autre ils sont aussi rusés que c’est toujours « la population ou toi » qui en est le dindon de la farce.
La balance penche pour l’instant en faveur de la tenue des élections, mais il n’est pas évident que la CES et la CENI-T font le poids face aux entreprises parfois enfantines mais ô combien efficaces pour semer la pagaille des années durant. Ces trublions ont fait la preuve par les résultats obtenus, ils semblent accuser un réel essoufflement en ce domaine comme en d’autres et c’est là que se trouve la chance d’une tenue des élections.
Léon Razafitrimo