Faut pas croire que l’on a éradiqué le phénomène dahalo. Au contraire si l’on en parle moins, c’est tout simplement parce qu’en se rependant dans de nombreuses c’en est devenu une banalité de la quotidienneté et que les pouvoirs publics ont abandonné l’idée de faire des opérations qu’ils entreprennent des occasions de spectacle. Dans le grand Sud les dahalo n’ont pas lâché la pression sur la population et semblent ne vouloir se retirer que faute de butin lorsqu’ils auront écumé de leur cheptel bovin ces régions. Signe de leur détermination à poursuivre leurs coupables menées, ne voila-t-il pas que des bandes organisées de quatre-vingt fantassins environ entreprennent leurs raids en remontant plus au nord. Ils ont une connaissance du terrain moindre que celle qu’ils l’avaient du sud, aussi ils ont perdu la bataille lors d’un affrontement contre une brigade de seulement sept gendarmes. S’ils y ont laissé quelques-uns des leurs sur le tapis, il serait téméraire de croire que le fait qu’ils aient battu en retraire signifierait qu’ils rendent les armes. Ils n’ont sans doute reculé que pour mieux entreprendre leurs campagnes de férocité.
Quatre mois c’est long, mais c’est ce qu’il faut patienter pour attendre ce que révèlera pour de vrai la présidente ou le président que l’on aura élu. Durant la période de propagande toutes et tous rivaliseront de démonstration pour exhiber les biscotos, chacun de menacer les dahalo et de leur promettre de quel bois ils se chauffent, pour peu le public lui-même serait pris de frayeur à les entendre comme si chacun allait jouer les terreurs de ces « terroristes ». Il s’agit justement de bien retenir leurs discours d’en analyser la faisabilité et d’en exercer par la suite une pression, celle de la rue. Il ne s’agit pas une fois de plus de se laisser museler jusqu’aux élections suivantes ou d’attendre un coup d’Etat. La mode à un moment était à ce « lobbying », mode vite passée en raison d’une inefficacité pour défaut de savoir-faire. Efficace le lobbying de la rue devra l’être si l’on ne veut pas vivre une démocratie endormie et simplement éveillée à demi au rythme du calendrier électoral. 
Comme à ce qu’il parait les sondages en ce pays ne sont pas encore au point, il ne reste que les rumeurs pour établir les priorités de la population. Et si l’on écoute les rumeurs, on classerait bien la sécurité et le droit de s’exprimer parmi les priorités que réclame une majorité de gens. La lutte contre la pauvreté, le combat contre l’appauvrissement d’une grande partie de la population, ne sont pas pour autant relégués à n’être que des objectifs secondaires, mais dès le lendemain de la prestation de serment la rue doit revenir à la parole et la sécurité une valeur fiable sur laquelle le peuple peut se reposer.

Léon Razafitrimo